Germine Joly alias Yonyon caïd gang haïtien 400 Mawozo, a été condamné le mercredi 3 décembre 2025 à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle par un tribunal fédéral du District de Columbia. Il a été reconnu coupable d’avoir orchestré l’enlèvement de 17 missionnaires, dont 16 citoyens américains, parmi lesquels un bébé de huit mois, en octobre 2021.
Cette sentence intervient sept mois après qu’un jury a déclaré Joly, 34 ans, coupable d’avoir dirigé l’opération d’enlèvement visant les missionnaires de Christian Aid Ministries, une organisation basée dans l’Ohio. Le juge John D. Bates lui a également imposé une amende de 1 700 dollars.
« Cette condamnation montre clairement que le plan de Germine visant à obtenir sa liberté en utilisant des chrétiens comme pions s’est retourné contre lui », a déclaré la procureure américaine Jeanine Pirro.
La majorité des otages, dont un Canadien, ont été retenus pendant 62 jours sous la menace des armes. Ils ont été libérés après le paiement d’une rançon de 350 000 dollars, une libération présentée publiquement comme une évasion. Cette affaire a projeté sous les projecteurs le gang 400 Mawozo et mis en lumière l’insécurité croissante en Haïti ainsi que la montée en puissance des groupes spécialisés dans les enlèvements.
Au moment des faits, Joly était incarcéré au Pénitencier national d’Haïti. Il continuait pourtant à diriger les opérations du gang grâce à des téléphones cellulaires non surveillés. Depuis sa cellule, il coordonnait les enlèvements et supervisait également un réseau de trafic d’armes depuis les États-Unis vers Haïti, avec la complicité d’associés en Floride. Des témoins ont aussi affirmé qu’il gérait les finances du gang, notamment les paiements effectués aux membres à partir des rançons.
En janvier 2024, dans une affaire distincte, Joly avait plaidé coupable pour un complot de trafic d’armes en violation des lois américaines sur l’exportation, ainsi que pour le blanchiment de rançons d’otages américains. Il avait été condamné en juin à 35 ans de prison pour ces crimes.
Le service de probation fédéral recommandait une peine de prison à vie pour l’affaire d’enlèvement, assortie de 60 mois de liberté surveillée et d’une pénalité spéciale de 1 700 dollars, tout en suggérant que les peines soient purgées concurremment. Les procureurs ont soutenu cette recommandation, soulignant la gravité de l’acte. « Ce crime horrible était motivé par l’intérêt personnel du prévenu, il voulait obtenir sa libération en échange des otages », ont-ils rappelé.
Les avocats de Joly avaient plaidé pour une peine d’environ 25 ans et 8 mois, à purger en même temps que celle déjà reçue dans l’affaire de trafic d’armes. Ils ont réfuté qu’il soit le véritable leader de 400 Mawozo et ont soutenu qu’il ne devait pas être puni deux fois. Ils ont également évoqué son enfance difficile, expliquant qu’il avait été élevé par une tante et un oncle après le départ de ses parents pour les États-Unis, une situation qui l’aurait profondément marqué. Selon eux, Joly avait tenté d’aider les plus démunis en Haïti dans un contexte où l’État ne fournissait pas les services nécessaires.
Les missionnaires mennonites avaient été enlevés le 16 octobre 2021 alors qu’ils revenaient d’une visite dans un orphelinat situé à l’est de Port-au-Prince. Parmi eux se trouvaient cinq enfants, dont un bébé. Le gang 400 Mawozo avait rapidement revendiqué la responsabilité de l’enlèvement sur les réseaux sociaux et exigé 17 millions de dollars, soit un million par victime. Le 11 novembre 2021, les ravisseurs avaient même demandé la libération de Joly en échange des otages.
Par Wideberlin Sénexant
Avec Miami Herald
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