Dans une note de presse rendue publique le 1er décembre 2025, l’organisation de défense de la liberté de la presse condamne avec la plus grande fermeté des menaces de mort explicites proférées à l’encontre de Ronald Désormes, journaliste de Radio Télévision Caraïbes et interpelle l’État haïtien, qu’elle accuse d’inaction face à une escalade de plus en plus préoccupante des attaques visant les médias.
SOS Journalistes Haïti a vigoureusement dénoncé, ce lundi 1er décembre 2025, des menaces de mort d’une gravité exceptionnelle proférées contre le journaliste Ronald Désormes, présentateur du journal matinal de Radio Caraïbes. L’organisation s’inquiète d’un climat de plus en plus hostile envers les professionnels des médias, dans un pays où l’impunité semble désormais dicter sa loi.
Au cœur de cette nouvelle alerte, une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux. On y entend Jimmy Chérisier, alias « Barbecue », chef et porte-parole de la coalition de gangs armés connue sous le nom de « Viv Ansanm », lancer un appel glaçant à l’exécution du journaliste. Selon SOS Journalistes, le chef de gang a publiquement encouragé ses partisans, ainsi que tout autre individu armé, à tuer Ronald Désormes, promettant une récompense financière à celui qui fournirait la preuve de l’identité de l’auteur du crime.
Pour SOS Journalistes Haïti, ces propos franchissent une ligne rouge. « Il s’agit d’une incitation directe au meurtre d’un journaliste dans l’exercice de ses fonctions ». Il s’agit pour l’organisation d’une tentative assumée de réduire au silence une voix critique et professionnelle de la presse haïtienne.
Le cas de Ronald Désormes n’est, hélas, pas isolé. Depuis plusieurs mois, les médias haïtiens font face à une multiplication d’intimidations, de campagnes de dénigrement et de menaces, notamment de la part de groupes armés qui contrôlent de larges portions du territoire national. En dénonçant cette situation, SOS Journalistes rappelle que les attaques actuelles ne visent pas seulement des individus, mais bien le droit fondamental de la population à une information libre et pluraliste.
Dans sa note, l’organisation condamne également les attaques répétées visant le PDG de Radio Caraïbes, Patrick Moussignac. Ces offensives verbales, parfois orchestrées sur les réseaux sociaux, s’inscrivent, selon SOS Journalistes, dans une volonté plus large d’affaiblir l’un des groupes médiatiques les plus influents du pays, reconnu pour son travail rigoureux malgré un contexte sécuritaire dégradé.
« Ces attaques surviennent précisément parce que Radio Télévision Caraïbes continue de faire son travail avec professionnalisme et courage », insiste l’organisation.
Face à la gravité des menaces, SOS Journalistes Haïti appelle les autorités à assumer leurs responsabilités. L’organisation exhorte la Police nationale d’Haïti et le gouvernement à prendre « toutes les mesures spéciales nécessaires » pour garantir la sécurité immédiate de Ronald Désormes, mais aussi celle de l’ensemble des journalistes exerçant dans le pays.
Pour SOS Journalistes, la protection des médias ne peut plus être repoussée à plus tard. Elle doit s’inscrire dans une stratégie globale visant à rétablir l’ordre, la sécurité et la primauté du droit sur tout le territoire. « Sans sécurité pour les journalistes, il ne peut y avoir ni démocratie, ni transparence, ni confiance publique », rappelle l’organisation de la presse.
Cependant, l’inquiétude est profonde. SOS Journalistes estime que la recrudescence des attaques contre les médias est directement liée à une impunité devenue structurelle. Une impunité qui, selon l’organisation, semble parfois tolérée voire encouragée par l’inaction des autorités en place.
Une presse sous pression, une société en danger
Au-delà du cas Ronald Désormes, c’est toute la profession journalistique qui se retrouve aujourd’hui sous pression. Dans un pays miné par la violence armée, la crise politique et l’effondrement institutionnel, les journalistes figurent parmi les dernières sentinelles du débat public.
« Lorsque des chefs de gangs se permettent de menacer ouvertement des journalistes sans être inquiétés, c’est toute la société qui bascule dans la peur », alerte SOS Journalistes.
Malgré ce climat anxiogène, de nombreux professionnels continuent de travailler, micro et stylo à la main, portés par le sens du devoir et la conviction que l’information reste une arme pacifique contre la violence et le mensonge.
Dans sa prise de position, SOS Journalistes Haïti en appelle aussi à la solidarité, tant au niveau national qu’international. L’organisation invite les acteurs de la société civile, les défenseurs des droits humains et les partenaires internationaux d’Haïti à ne pas détourner le regard.
« Protéger les journalistes, c’est protéger la vérité », conclut la note signée par Joseph Guyler C. Delva, secrétaire général de SOS Journalistes Haïti. Un rappel essentiel, dans un pays où dire la vérité peut encore coûter la vie, mais où le silence serait bien plus dangereux encore.
Arnold Junior Pierre
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