L’hôpital général s’apprête à rouvrir ses portes dans un nouvel espace loué par l’Etat haïtien

Après plus d’un an de paralysie et à la suite d’une tragédie meurtrière, le ministre de la Santé, le Dr Bertrand Sinal, annonce les dernières étapes menant à la relocalisation provisoire de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), communément appelé Hôpital général. Symbole de l’accès aux soins pour les plus démunis de la capitale, l’établissement public s’apprête désormais à rouvrir ses portes dans un nouveau site temporaire. Selon les précisions du ministre, le bâtiment devant accueillir les services du plus grand hôpital public du pays sera loué pour un montant annuel d’environ 14 millions de gourdes, comme il l’a indiqué dans une brève interview accordée ce vendredi 28 novembre 2025 au journal Gazette Haïti News.

Dans cette interview, le Dr Bertrand Sinal a assuré que tous les freins institutionnels ont déjà été levés. « Tout est prêt. La Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA) a donné son approbation. Il ne reste qu’une formalité », a-t-il expliqué. Toutefois, cette dernière condition concerne le paiement de l’impôt locatif par le propriétaire du bâtiment destiné à accueillir l’HUEH.

À cet égard, le ministre s’est voulu rassurant quant au calendrier. « Nous allons visiter l’espace durant le week-end. Entre-temps, nous attendons que le propriétaire s’acquitte de l’impôt locatif. Dès lors que cette obligation sera remplie, dans un délai d’environ un mois, l’hôpital pourra commencer à fonctionner », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, après plus un an d’interruption forcée par les groupes armés dans le centre-ville de Port-au-Prince, les autorités sanitaires indiquent être entrées dans la phase finale du processus administratif devant permettre la relocalisation temporaire de l’établissement. Cette étape marque ainsi un tournant dans les efforts visant à assurer la continuité minimale des services de santé publique.

Il convient également de rappeler que la relocalisation provisoire de l’HUEH n’est pas une initiative improvisée. En effet, elle a été officialisée le mercredi 14 septembre 2025, lors de la signature d’un protocole d’accord entre le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP). À travers cet accord, l’État s’est engagé à mobiliser les ressources nécessaires afin de garantir la continuité des services hospitaliers essentiels.

Cependant, cette tentative de renaissance se fait sous l’ombre d’un traumatisme encore profondément ancré dans les mémoires. Le mardi 24 décembre 2024, à l’entrée de l’« ancien hôpital militaire », où fonctionnaient encore certains services de l’Hôpital général, des hommes armés ont ouvert le feu sur des personnes présentes dans la zone. Le bilan était  lourd : 3 morts, dont 2 journalistes et un policier. 

Cette attaque, qui avait provoqué une onde de choc à l’échelle nationale, a surtout mis en évidence l’extrême vulnérabilité des institutions publiques, notamment l’incapacité de l’État à garantir la sécurité des soignants, des patients et des professionnels de l’information. 

Par conséquent, quelques jours après les faits, les services de l’HUEH avaient été presque totalement paralysés, laissant des milliers de malades sans alternative de prise en charge médicale.

Arnold Junior Pierre