PubGazetteHaiti202005

Yanick Lahens, la fierté d’Haïti couronnée par l’Académie française. 

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Par Maguet Delva 


Notre compatriote Yanick Lahens vient d’être couronnée « Grand Prix du roman de l’Académie française 2025 » pour son dernier ouvrage «  Passagères se nuit ». Quelle joie, quelle fierté ! Nous sommes profondément heureux de voir l’une des nôtres recevoir cette prestigieuse distinction, symbole d’un rayonnement que toute Haïti peut aujourd’hui partager. Par cette reconnaissance, c’est la littérature haïtienne tout entière qui se dresse, digne et lumineuse, rappelant au monde la puissance de ses voix, la beauté de ses mots et la force tranquille de ses femmes d’écriture.


Yanick Lahens, par son œuvre patiente et visionnaire, incarne la fidélité à la mémoire, la lucidité face à l’histoire et l’espérance envers l’avenir. Son sacre par l’Académie française est plus qu’une consécration personnelle : c’est une victoire éclatante pour la littérature haïtienne, une main tendue entre Port-au-Prince et Paris, entre la douleur et la lumière, entre le rêve et la réalité.


Depuis ses débuts, Yanick Lahens écrit comme on reconstruit une maison après la tempête. Ses livres sont des pierres posées sur le chaos, des fenêtres ouvertes sur la mémoire. De Dans la maison du père à La Couleur de l’aube, de Failles à Bain de lune, en passant par ses nouvelles de L’Oiseau Parker dans la nuit, son œuvre explore la part visible et invisible d’Haïti, ses blessures enfouies, ses forces souterraines, ses voix obstinées. Chaque roman est un territoire de résistance et de beauté, une manière de transformer le fracas du réel en matière poétique.


Yanick Lahens a toujours su faire dialoguer la parole et le silence, la mémoire et l’oubli. Chez elle, la langue française épouse les rythmes du créole, comme deux rivières qui se rejoignent pour raconter le même pays. Elle donne à voir des femmes qui portent la mémoire du monde, des hommes traversés par la fureur et la foi, des paysages à la fois mythiques et brûlants de vérité.


Son œuvre a souvent été saluée : le Prix Femina lui fut attribué pour Bain de lune, ce grand roman des origines et des fantômes d’Haïti, où la mer devient témoin et confidente du destin collectif. Elle a également figuré parmi les sélections du Prix Goncourt en 2025. Autant de signes de la reconnaissance d’une littérature qui dépasse les frontières sans jamais oublier d’où elle vient. En 2019, elle prononçait au Collège de France une leçon inaugurale restée mémorable, Urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter, où elle affirmait qu’« écrire, c’est habiter le monde depuis sa fracture ».

Au moment où notre pays traverse une crise multidimensionnelle et est actuellement par l’ouragan dévastateur Melissa, ce couronnement résonne comme un signal d’espérance. Il rappelle que, malgré les blessures et les naufrages, Haïti demeure une terre de création et de génie, capable d’offrir au monde des voix puissantes, des écritures de lumière. Par Yanick Lahens, c’est toute une nation de mots et de mémoire qui retrouve son souffle et son prestige.

Maguet Delva

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