Au moins deux patients du médecin sans frontières ont été tués et des membres de son personnel a été violemment attaqué, lundi 11 novembre 2024, après qu'une de ses ambulances ont été arrêtée par des policiers accompagnés d'un groupe d'autodéfense, a condamné l'institution médicale dans un communiqué.
L'ambulance se trouvait à environ 100 mètres de l'hôpital de la mission médicale dans le quartier Drouillard dans la commune de Cité Soleil où des agents de la PNH se sont livrés depuis ce week-end dans des affrontements avec des bandits qui terrorisent la population.
Elle avait à son bord trois jeunes blessés par balles, lorsqu'elle a été stoppée par les forces de l'ordre qui tentaient d'interpeller les patients suspectés d'être des bandits armés blessés dans les combats. Ils ont tiré des coups de feu en l'air avant d'escorter l'ambulance jusqu'à l'hôpital La Paix, à Delmas 33.
Arrivée au centre hospitalier les policiers et des membres de la population auraient encerclé l'ambulance, crevé ses pneus et aspergé de gaz lacrymogène le personnel de l'organisation pour les forcer à sortir. Ils ont ensuite emmené les blessés à une courte distance, à l'extérieur de l'enceinte de l'hôpital, et exécutés au moins deux d'entre eux ont, a indiqué l'organisation dans ce communiqué.
Cet acte a grandement choqué les autres patients et les personnel du MSF et a de graves conséquences sur sa capacité à continuer de prodiguer des soins essentiels à la population haïtienne, qui en a cruellement besoin », souligne le MSF.
Médecins Sans Frontières est l’un des rares groupes d’aide humanitaire en Haïti à fournir une assistance aux personnes de plus en plus privées d’accès aux hôpitaux et aux médecins alors que la violence des gangs s’intensifie dans la région métropolitaine de la capitale haïtienne.
C'est la deuxième fois en deux mois que Médecins Sans Frontières déclare que ses efforts pour prodiguer des soins à un patient dans un état critique se sont soldés par un décès aux mains de la police.
En septembre, les MSF avait informé qu'une de ses ambulances de transportant un patient dans un état critique a été stoppée par la police dans la capitale et retenue pendant plus d'une heure, l'empêchant de recevoir des soins pour une fracture ouverte. Le patient est finalement décédé avant d'atteindre l'hôpital.
Le MSF, poursuit le communiqué, a lancé un vibrant appel aux autorités concernées à respecter le droit d'accès aux soins médicaux sans discrimination ni entrave, et à assurer la protection des patients, ainsi que le respect du personnel médical et des structures de santé face à la violence croissante.
Depuis mi-octobre, les gangs multiplient les attaques dans des quartiers populaires de la capitale et des zones de provinces où plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, des milliers déplacées et des maisons incendiées.
La situation allait empirée, depuis ce week-end, à la suite de la révocation de l'ex premier ministre Garry Conille, suivie de la nomination et l'installation d'Alix Didier Fils-Aimé.
Parmi les victimes: Le Dr Deborah Pierre, urologue a été tuée par balles dans sa clinique médicale située à Bas peu de choses, un quartier du centre-ville de Port-au-Prince.
Par Léon Kersivil
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