La Coalition des associations de Jeunes leaders de l’Artibonite s’oppose à la tenue de la messe traditionnelle à la Cathédrale des Gonaïves. La Coalition a écrit au Monseigneur Yves Marie Péan pour lui demander de sursoir sur la messe qui se veut un coup médiatique du président même au péril de la vie de la population Gonaïvienne.
Les esprits s’echauffent en ce qui concerne la présence ou pas de Jovenel Moïse à la Cité de l’indépendance le 1er janvier. Les groupes armés se regardent en chien de faïence et se préparent pour un affrontement pour assoir leur autorité dans la ville.
Craignant le pire face à cette situation la Coalition des Associations de jeunes leaders de l’Artibonite a adressé une lettre ouverte au célébrant de la messe traditionnelle du 1er janvier pour attirer son attention sur la menace qui pèse sur ce jour mémorable de notre indépendance.
“ La Coalition sollicite votre bienveillante adhésion à un mouvement de jeunes citoyens de votre diocèse qui, dès aujourd’hui, s’oppose à ce que la ville des Gonaïves ne reçoive le chef de L’État, Jovenel Moise, le 1er Janvier 2020. La Coalition soutient que le guide religieux, respecté et aimé, que vous êtes, se doit d’éviter que cette belle messe traditionnelle du premier jour de l’année, ne devienne le prétexte d’une oppression renouvelée contre ceux qui luttent pour un autre système de gouvernance. Car, au lieu de travailler honnêtement à gagner l’adhésion populaire, le président Jovenel Moise, insiste à imposer sa présence aux Gonaïves, tandis qu’il sait pertinemment que les conditions sécuritaires volatiles ne s’y prêtent pas”, a écrit la coalition au Monseigneur Péan.
La Coalition dit apprendre qu’un important dispositif d’hommes armés, de tout acabit (légaux et illégaux), aurait été mobilisé pour satisfaire –par n’importe quel moyen- l’ego d’un chef d’État décidé à fouler le parvis de notre cathédrale, même pour quelques secondes; peu importe s’il doit fuir la colère populaire immédiatement après.
“ Cet exercice justifie t’il l’amalgame de policiers, de mercenaires et de bandits sponsorisés pour guerroyer son propre peuple ? Pourquoi mettre à risque toute une population pour un coup médiatique ? Cela changera t’il la donne pour un président qui continue de faire la sourde oreille aux demandes de son peuple, dont le procès PetroCaribe et notamment la poursuite des auteurs du massacre de la Saline?”, s'interroge la Coalition dans la lettre ouverte.
“Si la Coalition ne détient pas la réponse à ces questions, elle peut tout de même affirmer que la menace physique inhérente à la nature des événements, n’est pas la seule qui nous guette”, soutient-elle.
De l’avis de la Coalition, le président de la République, incarne aussi une “menace morale, qui est plus sournoise, plus pernicieuse, mais tout aussi destructrice que la distribution d’armes à feu et le financement des actes d’intimidation devenus monnaie courante.”
“ Lorsque le président Moïse arrive dans la cité de l’Indépendance, en pleine nuit, tel un voleur, pour rendre visite, comme il l’a fait la semaine dernière, à un chef de gang notoire, repris de justice et réputé au service du « pouvoir », au mépris des notables et autorités morales de la ville pour lesquelles il n’a point de temps, il tue toute velléité de « bon comportement » chez la jeunesse studieuse. Il est indispensable et urgent d’identifier et de combattre cette érosion graduelle des valeurs, sachant qu’aucune société fonctionnelle ne peut en faire fi”, a mentionné la Coalition dans la lettre ouverte.
La Coalition appelle l’église catholique à ne pas se faire complice en faisant sa part pour que la messe ne soit le prétexte d’un affrontement fratricide au bénéfice d’une seule personne : Jovenel voulant investir la « cité » d’armes lourdes pour la terrifier et la soumettre à accepter sa visite.
“Résister à l’asservissement de l’Eglise dans une mise en scène macabre orchestrée par le chef de l’État qui, loin de concevoir cette messe comme un temps de recueillement solennel avec son peuple, y voit un tremplin à partir duquel légitimer ses gabegies administratives et occulter les crimes de droits communs perpétrés par son administration est un devoir”, conclut la lettre.
Michel VERTUEUX
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