
Le Conseil présidentiel de transition (CPT) poursuit les consultations politiques à quelques mois de l’échéance du 7 février 2026, marquant la fin de son mandat. Après le parti EDE, c’est au tour d’une délégation du 21 Décembre de rencontrer les conseillers présidentiels.
Le climat politique haïtien reste morose à quatre mois de la fin théorique de la transition. Après la rencontre avec le parti Les Engagés pour le Développement (EDE) le 1er octobre dernier, une délégation du 21 Décembre a été reçue, ce mardi 7 octobre 2025, par le CPT pour discuter de sécurité, d’élections, de Constitution et de gouvernabilité.
« Le CPT a échoué. Ann sove pwosesis la », a déclaré Me André Michel, membre influent du 21 Décembre, sur le réseau X (ancien Twitter), appelant à une entente nationale pour éviter un effondrement institutionnel.
À l’émission « Le Rendez-vous avec Volcy Assad » sur Gazette Haïti, ce 8 octobre, André Michel a déclaré : « On n’aura jamais plus un Conseil présidentiel, tel que constitué aujourd’hui. »
À l’issue de la rencontre, l’ancien allié du Premier ministre Ariel Henry dit avoir signifié aux membres du Conseil que leur mandat arrive à terme le 7 février, ce qu’ils ont d’ailleurs reconnu, selon lui. Il estime qu’il est hors de question que le Conseil présidentiel reste au pouvoir au-delà de cette date, vu son échec cuisant. « Toutes les options sont sur la table, sauf le maintien du Conseil tel que constitué », affirme-t-il.
Cependant, Me André Michel prône l’idée d’une solution consensuelle incluant le CPT.
Toutefois, il reconnaît que l’échec est collectif. « Le CPT, au premier chef, pour n’avoir rien concrétisé durant son mandat ; la plupart des secteurs, pour avoir choisi de mauvais représentants et enfin, l’international, pour n’avoir pas respecté son engagement de déployer une force robuste pour accompagner la transition. »
Dans un communiqué publié le 1er octobre 2025, le parti « EDE » a exprimé ses doutes quant à la sincérité et à l’efficacité d’une telle initiative, jugée « trop tardive ». Le document souligne qu’au cours de la rencontre, « un tableau d’échec des 19 mois passés » a été dressé.
Le parti a par ailleurs demandé au coordonnateur du CPT de reconnaître l’échec du Conseil et d’engager un processus de restructuration politique visant à instaurer une nouvelle direction capable de restaurer la confiance populaire et de garantir la tenue d’élections transparentes.
Pressions internationales pour la tenue d’élections
Ces rencontres politiques surviennent dans un contexte de pressions croissantes de la communauté internationale, notamment des États-Unis, pour que le processus électoral démarre enfin.
Dans un message publié sur le compte X de l’ambassade américaine, l’ambassadeur Henry T. Wooster a exhorté le CPT à présenter « un plan précis et assorti d’un calendrier pour les élections et la transition politique ».
Revenu récemment de New York après sa participation à l’Assemblée générale des Nations unies, le diplomate américain a insisté sur la nécessité d’agir rapidement pour éviter une vacance du pouvoir.
Il convient de rappeler qu’en septembre dernier, le chargé d’affaires américain avait déjà mis en garde les dirigeants haïtiens lors d’un échange avec des journalistes à New York. Il avait souligné que « les postes de Premier ministre et de conseillers présidentiels ne sont pas des postes à vie », ajoutant : « Ce ne sont pas des emplois à vie. »
Le diplomate avait en outre affirmé que « l’enjeu principal demeure la sécurité » et que les débats autour de la Constitution ou des élections ne doivent pas servir de « diversion face à cette urgence ».
Sécurité et incertitudes
Alors que les États-Unis insistent sur la nécessité pour le CPT et le gouvernement d’aboutir à un processus électoral permettant de placer des élus au pouvoir, la situation sécuritaire du pays reste critique.
Environ 85 % de la région métropolitaine de Port-au-Prince est sous le contrôle de groupes armés. Plusieurs zones de province connaissent également une montée inquiétante de l’insécurité, notamment dans l’Artibonite et le Centre.
La semaine dernière, les Nations unies ont adopté une résolution visant à remplacer la MMAS par une nouvelle force internationale « robuste » chargée de démanteler la coalition criminelle Viv Ansanm.
Selon des experts, il faudra au moins six mois avant le déploiement effectif de cette mission sur le terrain, alors que le mandat du CPT arrive à terme dans quatre mois.
Tout semble clair que, sauf miracle, on file tout droit vers une nouvelle transition.
Par Wideberlin Sénexant
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