Invité de l’émission « Le Rendez-Vous avec Volcy Assad » ce lundi 27 octobre 2025, le porte-parole du Secteur Démocratique et Populaire (SDP), Me André Michel, a dressé un état des lieux des démarches en cours pour trouver une issue à la crise avant le 7 février prochain. Selon lui, 3 initiatives de dialogue sont actuellement menées par le Conseil présidentiel de Transition (CPT), par des acteurs politiques et de la société civile, et par la CARICOM mais leur coexistence parallèle risque de fragiliser la recherche d’un consensus national. L’avocat appelle à une concertation unifiée pour éviter les erreurs du passé et parvenir à une solution « conforme à l’intérêt d'Haïti après 7 février 2026 ».
3 initiatives de dialogue sont actuellement en cours, selon l'ancien opposant de Jovenel Moise, Me André Michel. La première est portée par le Conseil présidentiel de transition (CPT), qui a entamé des rencontres avec plusieurs groupes politiques issus de l’accord du 21 décembre. La deuxième, jugée par lui comme « très représentative », est menée par des partis politiques et des organisations de la société civile. Enfin, la troisième est conduite par la Communauté des Caraïbes (CARICOM), conformément à la feuille de route élaborée avec l’Organisation des États américains (OEA).
« Nous faisons face aujourd’hui à trois initiatives de dialogue parallèles. Il y a celle du CPT, celle des acteurs politiques et de la société civile, et enfin celle pilotée par la CARICOM avec l’OEA et les Nations Unies », a précisé Me Michel.
Pour le porte-parole du Secteur démocratique et populaire, la coexistence de ces trois démarches risque de diviser davantage les acteurs politiques. Il estime qu’un seul cadre de dialogue, coordonné et consensuel, doit être privilégié. « Nous ne pouvons pas avoir trois dialogues parallèles pour résoudre un seul et même problème : la crise haïtienne et la fin du mandat du CPT », a-t-il déclaré.
Toujours selon l'allié de l’ancien premier ministre d’Ariel Henry, la CARICOM, avec le soutien de l’OEA et des Nations Unies, devrait jouer un rôle central dans la facilitation de ce processus. Me Michel salue d’ailleurs la dernière décision des partenaires internationaux de confier à la CARICOM la responsabilité officielle de conduire les discussions politiques en Haïti.
Il se montre particulièrement préoccupé par la tentation de chaque groupe politique de présenter sa propre proposition à la CARICOM. Une attitude qui, selon lui, affaiblit le poids collectif des forces nationales dans la recherche d’une issue crédible à la crise.
Dans cette optique, il appelle les forces politiques à « trouver un minimum de concertation » avant toute rencontre officielle avec les médiateurs régionaux. L’objectif, selon lui, n’est pas seulement de formuler une proposition unique, mais de montrer au monde que les Haïtiens peuvent eux-mêmes s’entendre sur l’avenir de leur pays. « Ce que nous disons, c’est qu’il faut parler d’une seule voix avec la CARICOM. C’est ainsi que nous trouverons une solution conforme aux intérêts du pays et plus efficace », a-t-il ajouté.
Tout en appelant au dialogue, Me André Michel n’a pas caché son jugement sévère sur l’expérience du Conseil présidentiel de transition. Pour lui, cette formule à neuf membres a montré toutes ses limites et doit désormais être abandonnée. « Tout le monde est d’accord pour dire que l’expérience du CPT a été une catastrophe. Après 18 mois, la situation est cinq fois pire qu’avant son installation », a-t-il déploré.
De plus, l'avocat estime que le modèle de gouvernance du CPT a accentué la confusion politique. Il appelle donc à inventer un nouveau mécanisme de gestion transitoire, plus efficace: « La formule du conseil n’était pas bonne. Nous devons trouver une autre approche, une structure capable de fonctionner et de produire des résultats concrets »
Le futur candidat à la présidence Me André Michel a souligné qu’il existe aujourd’hui une réelle volonté, chez de nombreux acteurs, de continuer le processus de discussion, d’aborder la question de manière concertée avec la CARICOM, et surtout de trouver une formule qui fonctionne.
En revanche, le juriste explique que les acteurs ne peuvent plus se permettre une nouvelle expérience institutionnelle ratée. L’heure est à la responsabilité et à la recherche d’un consensus national autour d’une transition claire, ordonnée et légitime.
« Pour moi, il n’est plus question de refaire l’expérience d’un conseil présidentiel à neuf membres. Même ceux qui y siègent reconnaissent aujourd’hui qu’ils ne peuvent plus continuer ainsi », a conclu Me Michel.
À un peu plus de 3 mois de l’échéance symbolique du 7 février, la classe politique haïtienne se trouve à la croisée des chemins. La pression internationale s’accentue, la population s’impatiente et les institutions continuent de vaciller.
Dans ce contexte tendu, l’appel de Me André Michel à une concertation unifiée résonne comme un avertissement. Si les acteurs politiques persistent à agir en ordre dispersé, la crise risque de s’enliser davantage. Mais s’ils parviennent à parler d’une seule voix, une fenêtre d’espoir pourrait s’ouvrir celle d’un véritable dialogue haïtien, conduit avec dignité et dans l’intérêt du pays.
Par Arnold Junior Pierre
- Log in to post comments


