PubGazetteHaiti202005

Ouragan Melissa : les dirigeants déclenchent une mobilisation nationale pour protéger les populations vulnérables

Melissa/Conférence DPC

Face à la menace croissante de l’ouragan Melissa, les dirigeants haïtiens ont activé le Centre d’Opérations d’Urgence National (COUN), lançant ainsi une vaste mobilisation à l’échelle du pays. Sous la coordination conjointe de la Direction générale de la Protection civile (DGPC) et du Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et Désastres (SPGRD), une synergie multisectorielle est à l’œuvre pour réduire les risques et protéger les populations vulnérables. 

 

 

Depuis plus d’une semaine, l’État haïtien redouble d’efforts pour anticiper les impacts du cyclone Melissa, qui progresse dans la mer des Caraïbes. Cette réponse coordonnée témoigne de la volonté du gouvernement de renforcer la résilience nationale et d’assurer une gestion proactive des catastrophes naturelles, dans un contexte climatique marqué par une instabilité grandissante.

Ce mardi 28 octobre 2025, à l’occasion de la 27e édition de « Les Mardis de la Nation », le directeur général de la Direction générale de la Protection civile (DGPC), Emmanuel Pierre, a exposé les principales orientations de cette mobilisation d’envergure. Il a souligné que le système national de gestion des risques et désastres est désormais activé dans toute son amplitude, mobilisant plusieurs institutions clés de l’État, notamment le ministère de l’Agriculture, le ministère de l’Environnement, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), le ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC), l’Unité Hydrométéorologique d’Haïti (UHM), ainsi que le ministère de la Communication.

Le directeur général Emmanuel Pierre a expliqué que cette coordination interministérielle vise à garantir une réponse rapide, structurée et cohérente face aux aléas géophysiques et climatiques. Il a insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une réaction improvisée, mais d’un protocole d’intervention planifié, déployé aux niveaux national, départemental et communal, suivant un modèle d’action anticipatoire. M. Pierre a également précisé que le plan d’urgence avait été déclenché dès le 21 octobre, soit neuf jours avant cette communication publique. « Nous suivons l’évolution de la situation heure par heure et avons renforcé depuis la première alerte tous les dispositifs de surveillance et d’intervention dans les zones exposées », a-t-il déclaré.


Au départ, plusieurs départements avaient été placés en vigilance jaune, mais la progression rapide du phénomène a conduit les autorités à élever le niveau d’alerte à orange, puis à rouge pour certaines régions, notamment la Grand’Anse et le Sud-Est. Les Nippes et l’Ouest sont restés en alerte orange, tandis que l’Artibonite a vu son niveau d’alerte récemment rehaussé en raison de la dégradation des conditions météorologiques. L’ouragan Melissa, désormais classé en catégorie 5, se situe actuellement à environ 60 kilomètres au sud-est de la Jamaïque, se déplaçant à une vitesse de 15 km/h sur une trajectoire nord-nord-est. Selon les prévisions de l’Unité Hydrométéorologique d’Haïti (UHM), le système devrait passer à proximité de la pointe orientale de Cuba avant de provoquer des impacts significatifs sur les départements du Sud, des Nippes, de la Grand’Anse et du Sud-Est.

Malgré une baisse apparente de son intensité, les autorités insistent à ne pas sous-estimer la menace que représente Melissa. Selon le prévisionniste Wilner Polidor, « Melissa demeure un danger sérieux : ses vents violents et ses pluies torrentielles peuvent entraîner des inondations soudaines, des glissements de terrain et des conditions maritimes particulièrement dangereuses ». Les premières évaluations font déjà état de 3 morts et 16 blessés, tandis qu’une dizaine de maisons ont été inondées

 

« Se préparer, c’est sauver des vies »


La prévisionniste Marie Carmelle V. Chéry, de l’UHM, a délivré un message percutant en créole, soulignant l’importance de la préparation et de la solidarité à chaque saison cyclonique. Elle a rappelé que « c’est à nous de nous préparer chaque année, dès avant le début de la saison des cyclones. Ce n’est pas lorsque la tempête frappe qu’il faut chercher un abri. Il faut prendre des mesures dès le départ », insistant sur l’urgence d’une action anticipée pour protéger les vies humaines.
Elle a également averti sur les risques liés à la saturation des sols, particulièrement dans les zones de pentes et les terrains instables. Selon ses prévisions, certaines régions pourraient recevoir jusqu’à 418 millimètres de pluie, un volume capable de provoquer des crues soudaines et des débordements de rivières. « Cela signifie que tout sol instable risque de glisser, de s’effondrer et d’emporter tout ce qui se trouve sur son passage », a-t-elle expliqué, insistant sur la nécessité pour la population de quitter immédiatement les zones à risque.

 


Pour le directeur général Emmanuel Pierre, cette mobilisation illustre la maturité et l’efficacité du système national haïtien de gestion des désastres. « Nous avons tiré des leçons des crises passées. Aujourd’hui, nous savons qu’une coordination rigoureuse peut sauver des vies », a-t-il affirmé avec conviction. Le Centre d’Opérations d’Urgence National (COUN) est actuellement pleinement opérationnel, avec l’implication directe du ministre de l’Intérieur, chargé de superviser la mise en œuvre des protocoles départementaux. À ce jour, quinze bulletins de surveillance ont été diffusés, couvrant un spectre allant de la vigilance jaune à la vigilance rouge, selon la gravité des risques dans chaque département.

« Chaque bulletin est accompagné de messages d’alerte destinés aux communautés. Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités locales et les médias pour que l’information atteigne le moindre citoyen », a ajouté M. Pierre, soulignant l’importance d’une communication efficace pour réduire les impacts de la catastrophe.

 

Dans un contexte où les catastrophes naturelles se multiplient, la prévention et la communication se révèlent être des piliers essentiels de la résilience nationale. Les ministères concernés, Environnement, Santé, Travaux publics et Communication conjuguent leurs efforts afin de protéger les populations les plus vulnérables, souvent installées dans des zones marginalisées ou exposées à de forts risques. Cette approche collective reflète une volonté politique affirmée de renforcer la culture du risque. « Ce n’est pas l’affaire d’un seul ministère, ni d’un seul gouvernement. C’est une responsabilité partagée entre l’État, les collectivités et chaque citoyen », a insisté le directeur de la DGPC.


Alors que l’ouragan Melissa continue sa progression vers le nord de la Caraïbe, l’incertitude demeure. Les équipes de secours restent pleinement mobilisées, les observateurs météo maintiennent une veille permanente, et les institutions publiques multiplient les appels à la prudence pour limiter les risques de pertes humaines et matérielles.

 

Pour Emmanuel Pierre, cette situation rappelle que la prévention n’est pas une option, mais une nécessité nationale. « Il n’y a pas de fatalité face à une catastrophe. Il existe seulement des sociétés qui se préparent et celles qui ne le font pas. Haïti, aujourd’hui, a choisi de se préparer », a-t-il conclu, soulignant l’engagement du pays à faire face avec anticipation aux phénomènes climatiques extrêmes.

Gazette Haïti News conseille à tous, pendant la période cyclonique, de protéger ce qui leur est le plus précieux et de ne sortir qu’en cas de nécessité.

 

 

 

Par Arnold Junior Pierre

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