Dans plusieurs camps de déplacés de la région métropolitaine de Port-au-Prince, l’horreur s’est invitée à l’aube. Sous la fureur des vents et des pluies déclenchés par l’ouragan Mélissa, des abris précaires se sont effondrés, des torrents d’eau ont submergé des digues de fortune, et une population déjà fragilisée par le manque d’accès à l’eau potable, à l’hygiène et aux soins se retrouve plus que jamais au bord du gouffre.
À Bourdon, dans le camp de l’OPC et à Delmas, dans celui installé à l’École nationale de l’Équateur, la situation est alarmante. Les habitants racontent des nuits interminables, passées à écouter les tôles craquer et à regarder avec effroi l’eau monter. « Nou pap viv byen la menm, depi gen lapli se tout nwit lan nou pase san domi ( On ne dort pas du tout, dès qu’il pleut, on passe tout la nuit sans dormir », confie un père de famille rencontré à Delmas 41, les yeux cernés par la fatigue et la peur.
Selon le constat du journaliste de Gazette Haïti News, en visite sur les lieux depuis le samedi 25 octobre 2025, la situation est accablante. Les abris ne répondent à aucune norme de sécurité : des toitures de fortune, des bâches trouées et très usées, des sols boueux. Beaucoup de familles vivent dans une humidité permanent. Les enfants dorment dans des conditions inhumaines, pendant que certains parents essaient tant bien que mal de laver quelques vêtements ou mendient pour survivre.
Dans le camp situé à Carrefour Tifou, sur un terrain en terre battue, les conditions de vie se dégradent à un rythme alarmant. Plus de deux mille personnes s’y entassent pour seulement six toilettes. Le jeune Michel ( prête nom ), l’un des déplacés, témoigne : « Nou pa janm nan bon swen lè te gen tan, kounya nou nan peryòd siklòn, e nou pa gen okenn moun kap panse avè n ( nous n’avons jamais été bien traités, maintenant c’est la période cyclonique, il n’y a personne qui pense à nous )» Il ajoute d’une voix tremblante : « Se premye fwa mwen pè konsa pandan yon siklòn. »
À quelques mètres de là, un homme d’un âge avancé du nom de Léon, ancien habitant de Carrefour-Feuilles, tire la sonnette d’alarme par au risque du choléra. Il fait appel au ministère de la santé publique afin d’éviter que les gens tombent malades dans les camps.
Ces familles avaient déjà fui la violence des gangs, les catastrophes précédentes ou les quartiers saturés. Leur exil intérieur devait être une échappatoire. Aujourd’hui, l’ouragan Mélissa vient rappeler que leur « refuge » reste un piège fragile.
Selon la dernière mise à jour du Centre national des ouragans (NOAA), la tempête tropicale Mélissa s’est transformée en ouragan de catégorie 5. Le système, désormais très organisé, menace directement la Jamaïque et le sud d’Haïti avec des pluies diluviennes, des vents violents et un risque d’inondations catastrophiques dans les prochains jours.
Le matin du Dimanche 26 octobre 2025, le centre de l’ouragan Mélissa se situait près de la latitude 16,3° Nord et de la longitude 76,3° Ouest, soit au sud-ouest de la Jamaïque et à environ 400 kilomètres d’Haïti. L’ouragan se déplace vers l’ouest à une vitesse de 8 km/h, avec une pression centrale minimale estimée à 944 millibars et des vents soutenus atteignant 225 km/h, le plaçant solidement dans la catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson.
La rédaction de Gazette Haïti News appelle la population à la plus grande vigilance : protéger les documents importants, éviter les déplacements inutiles, et se tenir informée de l’évolution de la situation.
Arnold Junior Pierre
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