
L’ancien premier ministre Joseph Jouthe a donné le jeudi 31 mars sa première interview depuis son départ de la primature à Gazette Haïti à l’émission « Ayiti nan Bon ti Mamit », animée par Peterson Joseph Premier. M. Jouthe confie ne pas avoir été préalablement mis au courant de l’opération policière à Village de Dieu ayant couté la vie à plusieurs policiers le 12 mars. « J’ai vu que ma place n’était plus là », avoue-t-il.
Un an et plusieurs jours nous séparent de cette véritable tragédie qui a endeuillé l’institution policière.
Dans la matinée du 12 mars 2021, des policiers de plusieurs unités spécialisées de la Police nationale dont le SWAT et le BOID avaient mené une opération à Village-de-Dieu pour tenter de déloger le gang armé de « IZO » qui contrôle ce quartier de Port-au-Prince. L’opération s’est soldée par la mort de cinq policiers, une dizaine d’autres blessés, un véhicule blindé de la police incendié et un autre confisqué par les bandits.
Et pourtant, la deuxième plus haute autorité du pays de l’époque, le premier ministre, chef du CSPN, n’était même pas au courant de l’opération. « J’ai vu comme tous les Haïtiens, sur les réseaux sociaux, les images des policiers massacrés par les bandits armés à Village de Dieu », révèle Joseph Jouthe. Il explique qu’après une attaque des bandits armés contre les locaux de l’EDH, il avait effectivement ordonné à la police d’encercler Village de Dieu mais n’avait pas ordonné d’opération parce qu’il redoutait trop de victimes collatérales.
C'en était assez. « En conséquence, ma place n’était plus là », dit-il.
Selon ses informations, c’est le chef de la sécurité présidentielle Dimitri Hérard aujourd’hui en prison pour son implication présumée dans l’assassinat de Jovenel Moïse qui aurait tout planifié.
« Mais vous aviez récupéré le char confisqué par les bandits mais abandonné les cadavres des policiers? », a lancé Volcy Assad, venu en toute hâte participer à l’émission. Joseph Jouthe répond avoir planifié de récupérer les cadavres des policiers mais a été surpris d’apprendre que seul le blindé a été repris toujours à son insu.
« Donc, vous ne contrôliez plus rien , avons-nous demandé à l’ex chef du CSPN ? C’est pourquoi j’ai décidé de partir ».
Un mois plus tard, l’ancien chef du gouvernement avait remis sa démission au Président de l’époque Jovenel Moïse dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 avril 2021.
« J’ai remis ce soir ma démission au Président de la République, SEM
@moisejovenel. Ça a été un honneur de servir mon pays comme Premier ministre. Je remercie les membres de mon Gouvernement, les partenaires techniques et financiers pour leur collaboration.
Que Dieu bénisse Haïti! », avait-il écrit sur son compte Twitter dans la première heure du 14 avril 2021.
Les plaies sont encore béantes. Les familles des policiers n’ont pas eu la chance de chanter les funérailles de leur fils. Le 12 mars 2022 dernier, le haut commandement de la Police Nationale d’Haïti avait réalisé une messe requiem à l’occasion de la première année de cette nuit noire. Parallèlement dans la presse, les proches des policiers n’ont pas manqué de pointer du doigt l’Etat central pour la gestion calamiteuse de ce dossier.
Par : Daniel Zéphyr
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