
Dans une note sur site Web, l’organisation Amnistie International tire la sonnette d’alarme après l’annonce, le 6 avril, d’un protocole de santé imposé par le gouvernement dominicain. Ce dispositif conditionne l’accès des migrantes aux soins médicaux à la présentation de documents administratifs, et prévoit leur expulsion une fois traités. Une mesure que l’ONG qualifie de dangereuse et discriminatoire.
Depuis le 6 avril, un nouveau protocole régit l’accès aux soins publics en République dominicaine pour les personnes migrantes. Désormais, celles-ci doivent présenter une pièce d’identité, un justificatif de domicile ainsi qu’un document attestant de leur statut d’employé pour recevoir des soins médicaux. Celles qui ne remplissent pas ces critères sont exposées à une expulsion après traitement.
Selon Amnesty International, cette politique constitue une grave violation des droits humains.
« Le président Luis Abinader doit opter pour des mesures visant à renforcer le système de santé », a déclaré Ana Piquer, directrice du programme Amériques de l’organisation. « Non seulement la mise en place d’un système exposant des personnes migrantes à une expulsion après qu’elles ont reçu des soins médicaux porte atteinte au droit à la santé, mais elle déshumanise en outre les personnes sans papiers et risque de les dissuader de se rendre à l’hôpital, mettant ainsi des vies en danger. »
Cette décision gouvernementale illustre, selon Amnesty, le mépris croissant des autorités dominicaines pour leurs engagements internationaux en matière de droits humains. Elle va également à l’encontre de la Constitution du pays, qui garantit l’accès gratuit et universel aux soins de santé.
Les mesures annoncées touchent de manière disproportionnée les migrant·e·s haïtien·ne·s, les apatrides, les personnes en quête d’asile et même des Dominicain·e·s d’origine haïtienne. Les femmes enceintes et les enfants migrants seraient particulièrement affectés, car déjà confrontés à de nombreux obstacles dans l’accès à la santé et à l’éducation.
Face à cette situation, Amnesty appelle à une réaction urgente. « Amnesty International demande instamment au gouvernement de Luis Abinader de mettre immédiatement fin aux expulsions collectives de personnes haïtiennes, et d’abroger le protocole liant l’accès à des services de santé à une expulsion », a insisté Ana Piquer. « Il doit au contraire prendre des mesures concrètes contre la discrimination raciale, assurer l’accès à la protection internationale pour les personnes en ayant besoin et garantir un environnement exempt de stigmatisation. »
Depuis octobre 2024, les autorités dominicaines ont procédé à plus de 180 000 expulsions, souvent collectives, ce qui constitue une violation flagrante du droit international. Le 21 avril, Amnistie International a lancé une Action urgente pour exiger la fin de ces politiques qu’elle qualifie de « cruelles et racistes ».
Ces mesures bien qu'annoncées comme une large restriction pour freiner la migration irrégulière, elles frappent particulièrement Haïti, constate Amnesty international. Les Haïtiens depuis un bon temps sont pourchassés et quelques fois victimes de brutalités aux mains des agents d’immigration de la République dominicaine.
Des femmes enceintes haïtiennes expulsées, d'autres éloignées de leur enfant.
Critiqué pour son silence, les autorités haïtiennes ont finalement réagi via un communiqué de presse du conseil présidentiel de transition publié ce jeudi 24 avril 2025. Ce dernier « condamne avec la plus grande fermeté toute forme de discrimination ainsi que toute violation des droits fondamentaux dont sont victimes nos haïtiens vivant en République Dominicaine », écrit le CPT.
Wideberlin SENEXANT
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