PubGazetteHaiti202005

Haïti : des partis politiques s’unissent pour rompre avec la crise et lancent l’« Alliance Nationale de Rupture »

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Le mercredi 19 novembre 2025, à Pétion-Ville, plusieurs partis et mouvements politiques haïtiens ont annoncé la création d’une nouvelle coalition baptisée Alliance Nationale de Rupture. Cette initiative se veut une réaction directe contre ce que ses fondateurs décrivent comme les dérives et l’inefficacité de la transition politique actuelle. Dans un contexte de crise profonde, marquée par l’insécurité, la pauvreté, l’effondrement institutionnel et la méfiance généralisée envers les autorités, les promoteurs de cette alliance disent vouloir tracer une voie politique alternative, rompant avec le statu quo.


La coalition regroupe plusieurs organisations politiques qui n’ont pas signé l’Accord du 3 avril 2024, considéré comme la base de la transition actuelle. Parmi elles figurent notamment le Fòs Chanjman Nasyonal (FCN), l’Association Nationale des Propriétaires et Marchands d’Écoles d’Haïti (ANPMEH) et GOCH-Haïti. Les représentants de ces groupes, réunis à l’hôtel Karibe, ont expliqué que cette alliance est le fruit d’une longue réflexion et d’un constat partagé d’insatisfaction face à la gestion du pays.

Le professeur Auguste D’Meza, président du FCN, a livré un discours sans ambiguïté en dénonçant un système politique « verrouillé » et « déconnecté des attentes de la population ». Il accuse les autorités actuelles d’être davantage préoccupées par leur maintien au pouvoir que par la résolution des crises qui ravagent le pays. Selon lui, la transition, dans sa forme actuelle, manque d’efficacité, de vision et de volonté pour répondre aux urgences nationales.


Un autre point majeur soulevé par la nouvelle coalition concerne la non-publication de l’Accord du 3 avril 2024 dans Le Moniteur, le journal officiel de la République. Pour Richardson Étienne, porte-parole de l’ANPMEH, cette omission enlève toute base légale solide à la transition en cours. Il estime qu’un accord non publié n’a aucune valeur juridique réelle, ce qui fragilise davantage des institutions déjà très affaiblies.

L’Alliance Nationale de Rupture se présente comme une tentative de sortir des logiques habituelles de partage du pouvoir. Ses membres disent vouloir proposer un cadre politique fondé sur l’inclusion, la concertation et la refondation institutionnelle. Ils mettent en avant des priorités jugées essentielles : la sécurité, la lutte contre la corruption, la relance économique et la réhabilitation de l’État.


Cette initiative survient au moment où d’autres groupes cherchent également à proposer une nouvelle voie politique. Une semaine auparavant, le 12 novembre 2025, plus d’une centaine de partis et organisations avait présenté un document intitulé Consensus politique pour le redressement national, prônant une transition d’un an conduite par un exécutif bicéphale. Ces multiples propositions traduisent la fragmentation croissante du paysage politique haïtien.


Pour les promoteurs de l’Alliance Nationale de Rupture, il s’agit toutefois d’un mouvement porteur d’espoir. Ils affirment vouloir s’ouvrir à d’autres acteurs et entamer de vastes consultations nationales pour élargir leur plateforme. En conclusion, Auguste D’Meza appelle à un « sursaut collectif », estimant que seule une rupture franche avec les structures actuelles permettra de sortir Haïti de la crise.


Arnold Junior Pierre

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