PubGazetteHaiti202005

Avec le «shutdown», les États-Unis sont en situation de paralysie budgétaire

Internet

Depuis minuit dans la nuit du mardi 30 septembre au mercredi 1er octobre les États-Unis sont en situation de paralysie budgétaire après l'échec d'un ultime vote au Sénat pour éviter le gel d'une partie des services fédéraux, le fameux « shutdown ».

Les États-Unis sont en situation de paralysie budgétaire. Le Bureau budgétaire du Congrès estime que quelque 750 000 fonctionnaires seront quotidiennement mis au chômage technique, avec une solde différée. Le trafic aérien pourrait être affecté tandis que le versement de nombreuses aides sociales devrait être fortement perturbé. Selon les calculs des analystes de la compagnie d'assurance Nationwide, chaque semaine de « shutdown » pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point de pourcentage.

Avant même le vote au Sénat, chaque camp se rejetait la faute de l'échec des négociations. Les démocrates « veulent tout fermer, nous ne le voulons pas », a ainsi assuré le président Donald Trump depuis le Bureau ovale. Il a aussi fait monter la pression en assurant que la situation pourrait avoir des conséquences « irréversibles » si les démocrates ne finissaient pas par accepter le budget voulu par les républicains.

« Nous pouvons, durant le "shutdown", faire des choses qui sont irréversibles, qui seront mauvaises pour eux. Comme licencier de nombreuses personnes », a ajouté le président américain, menaçant d'intensifier les opérations de limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamées avec la commission Doge de son ex-allié Elon Musk.


 De leur côté, les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation. « IL EST MINUIT (heure à laquelle a commencé le « shutdown », ndlr). Cela signifie que le blocage républicain vient de commencer parce qu'ils refusent de protéger les soins de santé des Américains. Nous allons continuer à nous battre pour le peuple américain », a posté sur son compte X le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson a dénoncé de son côté l'égoïsme de la minorité démocrate. « Les démocrates ont officiellement voté pour FERMER le gouvernement. Résultats : les mamans et les enfants perdent maintenant (les programmes d'aide alimentaire). Les anciens combattants perdent les soins de santé et les programmes de prévention du suicide. La Fema (l'agence américaine de réponse aux catastrophes naturelles, ndlr) perd des moyens pendant la saison des ouragans. Les soldats et les agents de la sécurité aérienne ne sont PAS PAYÉS. La seule question maintenant : combien de temps Chuck Schumer laissera-t-il cette douleur continuer – pour ses propres raisons égoïstes ? », a posté sur X, Mike Johnson.

Un scénario connu des Américains

Le dernier « shutdown », de fin décembre 2018 à fin janvier 2019, durant le premier mandat de Donald Trump, avait duré 35 jours, un record. Au vu du caractère très impopulaire d'une telle situation, démocrates comme républicains tentent traditionnellement d'éviter cette paralysie fédérale, parfois au dernier moment. Mais en cas d'échec, chacun tente d'en rejeter la responsabilité sur le camp adverse.

Donald Trump a ainsi déjà vitupéré à plusieurs reprises contre les chefs démocrates et a publié sur sa plateforme Truth Social un montage vidéo généré par l'intelligence artificielle montrant le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, affublé d'une longue moustache et d'un sombrero mexicain. Un montage dénoncé comme « raciste » par le principal intéressé, qui regrette en outre l'absence de dialogue constructif.

Tous ont déjà en tête les élections législatives de mi-mandat en novembre 2026, lors de laquelle la majorité républicaine au Congrès sera remise dans la balance. Et en attendant l'heure limite de minuit, les lignes n'ont pas bougé.

Les démocrates résistent

D'un côté, les républicains ont proposé une extension du budget actuel jusqu'à fin novembre. De l'autre, l'état-major démocrate n'a pas voulu lâcher à propos des dépenses de santé. Ces derniers, qui ont souvent été accusés de passivité, ont cette fois choisi d’aller au combat au nom de la santé des plus démunis et de l’Obamacare, qui subventionne les patients les plus pauvres, rapporte notre correspondant à Washington, Vincent Souriau.

Le bras de fer entre républicains et démocrates se résume donc en trois lettres : ACA pour « Affordable Care Act » plus connu sous le nom d'Obamacare, du nom de l'ancien président américain, bête noire de Donald Trump. Ce programme d'assurance maladie est largement subventionné par l'État fédéral. Ces subventions, qui prennent en partie la forme de crédit d'impôt, arrivent à expiration et le budget préparé par l'administration Trump ne prévoit pas de les renouveler. En conséquences, les dépenses de santé pourraient exploser à la fois pour les patients les plus pauvres, mais aussi pour les hôpitaux et les centres de santé. L'opposition refuse donc de signer une extension du plafond de la dette fédérale dans ces conditions.

Les républicains à commencer par Donald Trump hurlent au scandale et assurent que ces subventions servent surtout à fournir une couverture santé aux migrants illégaux. Faux, répondent les démocrates. C’est un totem pour la gauche américaine et les leaders démocrates l’ont répété ce mardi encore sur les marches du Congrès. « Nous protégerons la santé des Américains aujourd’hui, demain et pour toujours », ont-ils déclaré. L'Obamacare bénéficie d'abord aux Américains les plus modestes, et ensuite aux migrants en situation régulière, ayant obtenu l'asile ou un statut de protection temporaire.


La position des démocrates et des républicains semble donc à ce stade parfaitement irréconciliable. Le message politique est que les démocrates ne vont pas abandonner face aux assauts de Donald Trump. Le revers de la médaille, c’est que ce « shutdown » met au chômage technique des millions d’employés fédéraux, jusqu’à quatre millions de personnes, privées de salaire du jour au lendemain. Or, c’est une population qui, elle aussi, fait partie du giron démocrate. C’est d’ailleurs pour préserver ces fonctionnaires que l’état-major démocrate avait décidé, quand la question s’était posée au mois d’avril, d’éviter le « shutdown ». À l’époque, on leur a reproché de se coucher devant Donald Trump. Cette fois-ci, ils ont donc choisi la stratégie de l’affrontement.

Si les républicains disposent de la majorité aux deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat fait qu'un texte budgétaire devra être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates.

L'administration Trump veut faire de ce « shutdown » une sorte de laboratoire

Donald Trump a reçu lundi à la Maison Blanche les principaux responsables républicains et démocrates du Congrès. Cette rencontre n'a fait que confirmer l'impasse des négociations. Le président américain déteste qu'on lui résiste. Il a traité de cinglés les démocrates qui sont venus dans son bureau pour négocier au motif qu’ils en demandaient beaucoup trop.

Donald Trump sait très bien que ces fonctionnaires fédéraux vont souffrir et cela l’arrange d’une certaine manière puisque son administration veut faire de ce « shutdown » une sorte de laboratoire.

« Nous avons la volonté et la capacité de trouver une voie d'entente », a assuré de son côté mardi le démocrate Hakeem Jeffries. Mais « nous ne soutiendrons pas un projet de loi partisan républicain qui continue à démanteler le système de santé américain, ni maintenant, ni jamais », a-t-il ajouté devant le Capitole de Washington.

Une menace qui plane sur la fonction publique

Est-ce que la fonction publique arrivera malgré tout à fonctionner sans une partie de son personnel ? Si c’est le cas, le bureau du Budget a promis d’engager des licenciements massifs, c’est-à-dire qu’au lieu de revenir à leur poste à l’issue du « shutdown », les employés considérés comme non essentiels seraient purement et simplement licenciés. Et cela, Donald Trump aura tout le loisir de le mettre sur le dos des démocrates.


En mars, alors que la menace d'un « shutdown » planait déjà, les républicains avaient refusé d'engager le dialogue sur les énormes coupes budgétaires et le licenciement de milliers de fonctionnaires décidés par l'administration Trump. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors voté à contrecœur pour le texte des républicains, afin d'éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué de vifs remous dans le camp démocrate, de nombreux militants et sympathisants les accusant de plier face à Donald Trump et son programme jugé radical.

Avec RFI

Category

Politique

Culture

Economie

Sport