
Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, est rentré ce dimanche 28 septembre 2025 après sa participation à la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies à New-York. Accueilli au salon diplomatique de l’aéroport Toussaint Louverture par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, des membres du conseil présidentiel de transition, ainsi que des membres du gouvernement, il a dressé un bilan de sa participation, mêlant remerciements à ses collaborateurs et partenaires, avertissements sur la gravité de la crise et appels urgents à la communauté internationale.
Laurent Saint-Cyr a atterri 4 heures 41 minutes de l’après midi à bord d’un avion de la compagnie Sunrise. Le point de presse, initialement prévu à deux heures de l’après-midi a pu finalement débuter à 5 heures 22 minutes avec un long retard en raison d’un problème d’électricité.
Dans son discours, le président du CPT a montré la nécessité de renforcer la sécurité, première exigence du peuple haïtien. Laurent Saint-Cyr a mis l’accent sur la nécessité de restaurer la discipline budgétaire dans un pays où la corruption et le gaspillage minent les institutions. Il a annoncé avoir exigé un audit financier du Fonds national de l’éducation (FNE), de l’Autorité portuaire nationale (APN) et surtout de l’Administration générale des Douanes (AGD).
« Nous devons instaurer l’ordre dans nos finances publiques, afin de garantir une meilleure utilisation de l’argent des contribuables et mettre fin à l’opacité qui nourrit la méfiance », a-t-il déclaré.
Pour le coordonnateur du CPT, cette exigence de reddition de comptes est indissociable du combat contre l’insécurité : « La lutte pour la sécurité ne peut être gagnée sans justice, et la justice commence par la fin de l’impunité. » Il a ensuite insisté sur la portée de sa mission à New York. Pour lui, l’essentiel était de porter la voix d’Haïti sur la scène internationale, dans un moment où la population vit sous la terreur des gangs armés.
« Depuis la tribune des Nations unies, j’ai dit haut et fort : Haïti demande la paix. Haïti a besoin de paix. Sans sécurité, tous nos efforts sont vains. Toute action non protégée perd de sa valeur », a-t-il martelé. Le représentant du secteur privé au CPT a rappelé que la première exigence du peuple haïtien reste la sécurité, « pour les enfants dont l’école est menacée, pour les jeunes qui veulent poursuivre leurs rêves, et pour tous ceux qui ont choisi de vivre dignement dans ce pays ».
Tout au long de son intervention, Laurent Saint-Cyr a souligné que la crise haïtienne dépasse largement les frontières nationales. Il a mis en garde contre les ambitions transnationales des groupes criminels qui cherchent à transformer Haïti en carrefour de trafics illicites.
« La réalité est implacable : Haïti ne peut pas faire face seule à cette crise. Il serait irresponsable de la part de nos partenaires internationaux de rester silencieux ou inactifs face à une telle menace, aux portes de leurs propres territoires », a-t-il averti.
Son plaidoyer a été entendu. Selon lui, plus de 20 pays ont évoqué la situation haïtienne dans leurs discours à l’ONU. Il espère que cette mobilisation aboutira rapidement à des mesures concrètes : « Je ne serai satisfait que lorsqu’on passera des discours aux actions. Le peuple attend des résultats, pas des promesses. »
Le numéro du du CPT a confirmé que les négociations autour de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) progressent. Cette initiative, portée par les États-Unis et le Panama, vise à renforcer la capacité de l’État haïtien à reprendre le contrôle des zones sous l’emprise des gangs.
Il a exprimé sa gratitude envers les pays engagés dans le financement et l’organisation de cette mission: « Nous remercions les États-Unis pour leur leadership, le Kenya pour son rôle central, ainsi que la Jamaïque, le Salvador, le Guatemala, les Bahamas, le Belize et le Canada pour leur appui financier et logistique ».
Laurent Saint-Cyr a également rappelé que le fonds d’affectation spéciale de l’ONU destiné à la MSS continue de recevoir des contributions importantes, évaluées à 60 millions de dollars.
Durant son séjour, Saint-Cyr a multiplié les rencontres bilatérales avec des dirigeants du Kenya, du Canada, des États-Unis, du Qatar et du Maroc, mais aussi avec des institutions internationales telles que l’ONU, l’OEA, l’OIF, la BID et le PAM.
Ces discussions, selon lui, avaient toutes un objectif : « renforcer le plaidoyer haïtien, mobiliser des soutiens et convaincre d’autres nations de se joindre à notre cause ».
Il a coorganisé une réunion de haut niveau avec le Kenya et les États-Unis, centrée sur les priorités d’Haïti dans la mise en œuvre de la MSS. « Nous avons insisté pour que la voix du peuple haïtien soit au cœur du processus », a-t-il précisé.
En parallèle au dossier sécuritaire, Laurent Saint-Cyr a abordé la question des élections et de la transition politique. Il a rappelé que le (KEPA?) et le gouvernement ont déjà lancé plusieurs actions en ce sens, affirmant que la réussite de cette transition est une nécessité. « Nous devons prouver au peuple que cette étape n’est pas une simple parenthèse, mais un passage vers un avenir institutionnel plus solide », a-t-il affirmé.
Le président du CPT a reconnu que la diplomatie devait être encore plus active pour transformer les engagements en résultats concrets. Il s’est dit prêt à convoquer une conférence avec toutes les missions diplomatiques en Haïti afin de définir une stratégie commune.
« Ce n’est pas le moment de beaux discours. Ce que le peuple attend, ce sont des actions tangibles », a-t-il insisté. Le bilan présenté par Laurent Saint-Cyr trace un double horizon : l’urgence sécuritaire immédiate et la nécessité d’une gouvernance plus responsable.
Son discours, ponctué de remerciements à ses collègues du gouvernement, aux partenaires internationaux et à ceux qui, malgré la crise, continuent de travailler pour Haïti, s’est achevé sur une note d’espoir : « Notre devoir, c’est de protéger la vie, de restaurer l’espoir et de remettre Haïti sur la voie de la sécurité et de la dignité. »
À noter que la mission du Conseil présidentiel de transition (CPT) doit prendre fin le 7 février 2026. Pourtant, à l’approche de cette échéance et alors que le mois de septembre touche à sa fin, aucun signe concret ne laisse présager l’organisation des élections annoncées. L’incertitude demeure quant au respect de cette date butoir, qui reste pour l’instant sans garantie réelle.
Par Arnold Junior Pierre
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