PubGazetteHaiti202005

Haiti/Crise: le parlement européen dit non au référendum mais appelle à l’organisation d’élections générales en Haïti 

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Le parlement européen a publié jeudi 20 mai une résolution sur la situation de crise qui secoue Haïti. À travers la résolution, le parlement européen réaffirme sa profonde préoccupation face à la détérioration de la situation humanitaire, politique et sécuritaire d'Haïti. Il appelle à l'organisation des élections générales, avance des conditions préalables qui doivent être reunies avant que l'Union européenne donne son soutien financier et technique aux processus electoraux. Quant au projet de référendum cher au président Jovenel Moïse, le parlement européen demande au gouvernement de respecter l’article 284.3 de la constitution de 1987, stipulant que «  toute consultation populaire tendant à modifier la constitution par voie de référendum est formellement interdit ». 

 


Les maux d'Haïti ont été évoqués, la plaie touchée du doigt par le parlement européen à travers la résolution (2021/2694 RSP) prise jeudi 20 mai dont la rédaction de Gazette Haïti a eu une copie. 


Bien documenté sur la situation de crise qui sévit dans le pays, le parlement européen a avancé plusieurs considérations sur la crise multidimensionnelle en Haïti. Il cite des résolutions, conventions et rapports n'ayant pas été respectés par le pouvoir avant de faire part de ces recommandations. 

Le Parlement européen dit « prier instamment les autorités haïtiennes d'organiser des élections législatives, locales et présidentielles libres, équitables, transparentes et crédible et de garantir une sécurité effective au cours de ces processus électoraux ».


Par la même occasion, le Parlement europeen se veut être clair sur les conditions qui doivent être établies pour qu'Haïti puisse bénéficier du soutien financier et transparent de l'Union. Haïti ne pourra pas compter sur l’aide de l’UE tant que les « conditions de transparence, d'equité et de démocratie ne sont pas remplies ».

Le Parlement européen met le focus sur l'organisation des élections dont il pense être le seul moyen qui « peut permettre de surmonter la longue crise politique en Haïti ».


Sur les massacres et autres exactions perpétrés impunément dans le pays, le Parlement européen demande l'ouverture des enquêtes indépendantes, presse les autorités à traduire en jistice les auteurs de ces méfaits. 

Tout en rappelant que « les violences en Haïti sont étroitement liées à des bandes armées, dont certaines sont soutenues et financées par l’oligarchie locale », le Parlement européen fait la recommandation aux autorités haïtiennes d'intensifier leurs efforts afin de mettre un terme aux affrontements entre les bandes, ainsi qu'aux attaques armées contre les civils et les forces de l'ordre. 


L'institution européenne condamne toutes les violations, des droits de l’homme et tous les actes de violence, en particulier l’augmentation des enlèvements, de la traite des enfants vers la République dominicaine, des homicides et des viols. Le Parlement européen invite du même coup le gouvernement haïtien à garantir « le bien-être de ses citoyens sous toutes ses formes essentielles, faute de quoi il pourrait se produire une fuite irréversible des cerveaux qui rendrait Haïti incapable de fonctionner ».

 

Le Parlement européen souligne par ailleurs l'importance d'un système judiciaire indépendant et plus accessible. Il rappelle que la réforme du système judiciaire et la lutte contre la corruption doivent rester une priorité.

 

Contre le projet de référendum


Alors que le gouvernement haïtien s'obstine à changer la constitution par voie référendaire, le Parlement européen tranche sur ce projet et en profite pour inviter le gouvernement haïtien à respecter la constitution haïtienne de 1987, en particulier son article 284.3 qui stipule que « toute consultation populaire tendant à modifier la constitution par voie de référendum est formellement interdit ». Le Parlement européen enjoint au gouvernement haïtien de respecter les principes fondamentaux de la démocratie et à renforcer l'état de droit.

 

Répression et corruption en Haïti


Dans cette résolution, le Parlement européen a évoqué la corruption et la répression en Haïti. Ainsi, il dit condamner le recours présumé à la force meurtrière contre les manifestants et les arrestations et détentions arbitraires. 

La violence contre les journalistes préoccupe l'institution européenne qui invite le gouvernement haïtien à respecter les droits fondamentaux, la liberté d’expression et la liberté d’association.


Dans la foulée, le Parlement européen dit réaffirmer son ferme soutien à tous les défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement en Haïti, ainsi qu’à leur travail.

 
Par rapport aux actes de corruption en Haïti, le Parlement européen invite les autorités haïtiennes à dissiper « les soupçons de fraude et de mauvaise gestion des fonds internationaux reçus à la suite du tremblement de terre de 2010 et à sanctionner leurs auteurs ».


Le Parlement européen sollicite entre-temps un audit et un rapport de la Cour des comptes européenne sur la manière dont les fonds de l’Union sont dépensés en Haïti, en particulier à la lumière des récentes allégations de corruption et du rapport de la Cour supérieure des comptes d’Haïti.


Face aux accusations de corruption, le Parlement recomande aux autorités haïtiennes d'assurer une meilleure gouvernance à tous les niveaux de l’État et de la société, y compris la lutte contre la corruption et le clientélisme. 


L'institution européenne appelle à la Commission de veiller systématiquement à ce que toute l’aide, y compris l’aide humanitaire, fasse l’objet d’un suivi efficace afin de s’assurer qu’elle est utilisée pour les projets spécifiques auxquels elle est destinée. 

 

Il rappelle l’importance d’une action internationale harmonisée, coordonnée et renforcée pour soutenir la population haïtienne.

 

 

 

Par Michelson Césaire

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