PubGazetteHaiti202005

Trump doit-il construire un pont avec les électeurs hispaniques pour se faire réélire ?

Credit photo: Kevin Lamarque/Reuters


Les toutes dernières élections présidentielles, surtout dans les « Swing States » montrent que la population hispanique constitue un électorat essentiel pour tout candidat à la présidence. Pour le moment, à quelques semaines du 3 novembre, les derniers sondages affichent que Joe Biden est en tête des intentions de vote. Mais, puisqu’il ne s'agit là que d'intentions de vote à l'échelle du pays, donc au-delà de ces faits et projections, avec l'évolution grandissante d’une population de Latinos aux États-Unis, reste à savoir, comment les membres de l’équipe de campagne de Donald Trump peut, pour changer les données, capitaliser sur cette communauté hispanique à l'élection présidentielle du 3 Novembre.  

Basée sur une étude présentée à la conférence sur L’avenir des partis tenue en mars 2010 au Kenyon Collège, Ruy Teixeira, un commentateur politique américain a écrit « Les plaques tectoniques de la politique américaine sont en train de bouger ». Il poursuit : « Une concaténation puissante de forces démographiques est en train de transformer l’électorat américain et de donner une forme nouvelle aux deux grands partis politiques. »


A cet effet, selon le recensement de 2010, il y a plus de 50 millions d’Hispaniques aux États-Unis, soit 16 % de la population. Cette communauté constitue donc un vivier considérable d’électeurs pour Donald Trump et Joe Biden. Constituant une force politique aux États-Unis, l’électorat hispanique, en grande partie dans les « Swings States », est en train de devenir un véritable vecteur de l’opinion publique ; les deux candidats aux présidentielles de cette année ont pleinement conscience de l’importance de leurs votes. « Les candidats ont compris le poids électoral grandissant des minorités, en particulier la communauté hispanique qui compte 57 millions d'âmes faisant des États-Unis le deuxième pays en nombre d'hispanophones derrière le Mexique et devant l'Espagne. »


Cette même étude révèle que dans l’État le plus peuplé des États-Unis, (la Californie), 36 % des 36,5 millions d’habitants sont d’origine hispanique. Si leurs sympathies politiques se reportent plutôt sur le Parti démocrate, les électeurs latinos sont également très courtisés par les Républicains. Et, « C'est un fait statistique : aux États-Unis, il naît aujourd'hui moins de bébés blancs que de petits garçons ou petites filles hispaniques, asiatiques et afro-américains. Certaines études estiment que l'actuelle majorité blanche représentera moins de 50% de la population américaine dès le début des années 2040. »


En vingt ans, l’électorat de la communauté hispanique a plus que doublé. Si cela continue, on peut même déjà espérer, dans les dix prochaines années, un dépassement de ce groupe à celui des Afro-Africains. « Ceci dit, la part des Hispano-Américains dans l’électorat augmente régulièrement : de 2 % au début des années 1990, elle est passée à 9 % en 2008. Les analystes prédisent que d’ici à 2020, le total des suffrages exprimés par ces derniers dépassera celui des Afro-Américains. »


Selon un expert des élections présidentielles américaines, la situation démographique n’est qu’un élément du puzzle des élections américaines. Les électeurs qui se rendront aux urnes détermineront qui occupera la Maison-Blanche et quel Parti contrôlera le Congrès. Comme dans toutes les élections, les votants sont motivés par le programme politique du parti ou du candidat dans la course, l’enthousiasme ou par le mécontentement, par l’espoir, par la peur et aussi – un tout petit peu – par la météo. Donc dans ce cas, quelle serait la meilleure stratégie que devrait utiliser l’équipe de campagne du président Donald Trump pour que, devancé dans les sondages, il puisse se relancer post convention ?

Communauté émergente

C’est une communauté émergente de par son nombre. Elle constitue une force politique, surtout dans les États (Californie-55 grands électeurs, Texas-38, New York -29, Florida-29) les plus peuplés aux États-Unis. « Elle est une force politique qui se courtise et continuera à être courtisée par les candidats démocrates et républicains. Le recensement de 2010 indique que la tranche de la population composée de minorités aux États-Unis s’est accrue de 30 % au cours de la dernière décennie (celle des Hispaniques enregistrant une hausse de 43 %), tandis que la population blanche a augmenté de 1 %. Cet écart considérable signifie que les minorités non blanches représentaient 92 % de la croissance démographique aux États-Unis entre 2000 et 2010. Elles représentaient aussi 36 % de la population en 2010, soit 5 points de pourcentage de plus qu’en 2000. »
Cette année encore, cette communauté pourrait jouer un rôle déterminant aux présidentielles américaines de novembre. Aux élections présidentielles américaines de 2000 et 2004, leur choix s'était porté sur le candidat républicain George W. Bush, ou ordinairement, les Hispaniques sont politiquement plus proches des idées du Parti démocrate. Ce qui explique, de par cette préférence, en 2008 et 2012, ce groupe avait joué un rôle important dans l’accession et la ré-élection de M. Obama à la Maison-Blanche. 

Quelques années plus tard, en dépit de son discours anti-immigrant ou son hispanophobie, « En 2016, à l’inverse, Donald Trump avait fait mieux que prévu au sein de cette catégorie d’électeurs : il recueillait 29 % du vote hispanique au niveau national, soit un peu plus que le candidat républicain Mitt Romney en 2012 (27 %). »
En Floride (États indécis) où il avait obtenu son meilleur score chez les Hispaniques “(31 %, selon des sondages sortie des urnes), ce vote a été déterminant dans sa victoire. Car la Floride et ses 29 grands électeurs faisaient partie des « swing states » cruciaux que le candidat du parti républicain devait décrocher pour accéder à la Maison-Blanche.”  De ce fait, cette année, Donald Trump ne peut pas se permettre de perdre ces voix s’il veut être réélu.

Face à ce constat, serait-il un peu trop tard pour Donald Trump et son équipe de jouer sur la carte des Lations pour faire, à quelques semaines du scrutin, une différence dans les sondages ? Puisque, n’empêche sa victoire surprise en 2016, Donald Trump n’avait pas inspiré confiance aux. « Latinos des États-Unis dans leur ensemble, qu’ils soient citoyens, immigrés naturalisés, réguliers ou, surtout, irréguliers. »  Serait-il en mesure de les courtiser mieux en vue d'être réélu ?

Peu importe l’influence que devait exercer cette communauté sur les prochaines élections présidentielles américaines de 2020 ou les stratégies à utiliser par l’équipe de campagne du président sortant, « Au-delà de simples visées électoralistes, il y va de l’avenir des États-Unis. Car à en croire les projections démographiques, les Hispaniques vont y tenir une place de plus en plus importante. »

La communauté hispanique, électeur crucial aux présidentielles de 2020

À l’approche du scrutin, les stratèges démocrates et républicains ne manqueront pas une occasion de courtiser les leaders représentants les communautés hispaniques surtout dans les États indécis, question de se rapprocher davantage de leur électorat. 

Les électeurs américano-hispaniques attirent l’attention des deux candidats aux campagnes présidentielles, particulièrement dans les États-clés. Il est rapporté que durant la campagne présidentielle de 2008, le candidat d’alors : « Barack Obama, avait dépensé cinq fois plus d’argent auprès des médias hispanophones. Ce qui lui avait permis de remporter 67 % du vote hispanique ; des États importants comme la Floride, le Colorado, le Nouveau-Mexique et le Nevada qui, quatre ans plus tôt, avaient voté pour les Républicains. »

Donc, les experts des élections présidentielles américaines suivent de très près la communauté hispanique. Car selon toute vraisemblance, « les Hispaniques pourraient être appelés à faire ou défaire les Présidents. »


Prof. Esaü Jean-Baptiste

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1-Martin Lemaire- Elections américaines 2020 : résultat des sondages, dates... Les infos clés. Publié le 31 août 2020
2- Présidentielle américaine : quelle influence hispanique?
Élection de Donald Trump : les paradoxes du vote hispanique Alexis Buisson-New York, le 10/11/2016

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