Des centaines d’élèves en uniforme ont investi ce jeudi matin les rues de Delmas pour réclamer la présence de leurs professeurs dans les salles de classe. Sous le mot d’ordre « Des professeurs dans nos classes », les lycéens du lycée Antoine Georges Izméry de Petit-Place Cazeau et du lycée Jean-Marie Vincent de Caradeux ont exprimé leur frustration face à une situation jugée intenable. Les artères habituellement animées par le trafic et les marchands se sont transformées en cortège revendicatif, où les jeunes scandaient leur soif d’éducation et leur volonté de ne pas voir leur année scolaire compromise. « Nous voulons étudier, pas perdre notre année », lançaient-ils.
Le mouvement a provoqué de légers embouteillages, notamment au niveau de Delmas 75. Les automobilistes qui ont croisé la marche des écoliers observent la scène avec un mélange de curiosité et de compassion. « Ce sont des enfants qui réclament ce qui leur revient de droit », a confié un conducteur de taxi-moto, visiblement touché par l’engagement des élèves.
Dans leur élan de mobilisation, les manifestants se sont dirigés vers le lycée Horatius Laventure, toujours à Delmas 75, dans le but de rallier d’autres camarades à leur cause et de les inciter à suspendre les cours en signe de solidarité.
Selon une élève de Secondaire 4, les élèves prévoient même de se rendre au lycée national de Pétion-Ville pour étendre leur mouvement. Pour eux, cette lutte est collective : ils refusent que leur avenir soit compromis par l’indifférence des autorités.
Cette mobilisation intervient après seulement trois semaines de la rentrée officielle de l'année scolaire. Dans plusieurs établissements publics de la capitale, les salles de classe restent désertes, faute d’enseignants disponibles. Certains professeurs dénoncent le non-paiement de leurs salaires, tandis que d’autres se disent découragés par les conditions de travail dégradantes. Un accord trouvé entre les organisations enseignantes et le gouvernement n'a pas été suivi d'effet.
« Nous voulons juste apprendre », lance un élève, les yeux pleins d’émotion. « Nous ne demandons pas l’impossible, seulement des professeurs pour nous aider à construire notre futur. »
L’absence prolongée de professeurs dans les écoles publiques n’est pas un phénomène nouveau en Haïti. Chaque année, le même scénario se répète, révélant les failles structurelles du système éducatif national. Pourtant, pour ces adolescents, l’éducation reste la seule planche de salut dans un pays confronté à la crise et à l’insécurité.
Arnold Junior Pierre
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