À l’église Sainte-Thérèse de Pétion-Ville, une cérémonie remplie d’émotion s’est tenue ce vendredi 24 octobre 2025 pour rendre un hommage à Robert “Bobby” Denis, ingénieur visionnaire et pilier de l’audiovisuel haïtien, dont le nom restera gravé dans l’histoire des médias d'Haïti. L’église baignait dans une atmosphère de recueillement, tandis que les bancs étaient remplis de proches, de collaborateurs, de confrères journalistes et de personnalités du monde médiatique venus saluer la mémoire de cet homme.
Le cercueil de Bobby Denis reposait au cœur du sanctuaire, symbole de la stature qu’il a occupée tout au long de sa vie professionnelle, et chacun dans l’assistance, qu’il soit présent physiquement ou connecté à distance depuis l’étranger, partageait à la fois la douleur de la perte et la gratitude d’avoir connu un homme dont le dévouement, le génie et l’influence ont durablement marqué toute une génération de professionnels et façonné le paysage audiovisuel haïtien.
Après plusieurs heures d'installation à l’église, la cérémonie funèbre a débuté à 10 heures, sous la direction du père Frantznel Limite. Dans l’assistance se trouvaient son fils, Cédrick Robert Denis, des membres de la famille, des confrères journalistes, ainsi que d’anciens collaborateurs de Télé Max et de Canal Bleu. Certains étaient présents dans l’église, tandis que d’autres ont suivi la cérémonie à distance, par visioconférence, depuis l’étranger.
Dans son homélie, le père Frantznel Limite a livré une méditation empreinte de profondeur spirituelle. « Souvent, lorsqu’il s’agit d’un ennemi, d’un adversaire ou même d’un inconnu, nous souhaitons sa mort », a-t-il rappelé. « Et lorsque celle-ci survient, nous croyons parfois qu’elle arrange les choses. Mais la mort n’est ni bonne ni mauvaise : tout dépend du regard qu’on lui porte. »
Le prêtre a invité l’assistance à voir dans le départ de Bobby Denis un passage vers la lumière éternelle : « Dieu ne nous a pas créés pour la mort, mais pour la vie. Rien ne se perd en lui. Et c’est cette espérance qui nous réunit aujourd’hui autour de Bobby. Nous remettons son âme entre les mains de Dieu, dans la conviction qu’il vivra éternellement dans Sa lumière. »
Parmi les premiers à prendre la parole, Paul Villefranche, ancien collaborateur de Télé Max, a salué la mémoire d’un grand bâtisseur. « C’est avec respect et une profonde tristesse que nous sommes réunis pour saluer le départ d’un grand homme », a-t-il déclaré, la voix chargée d’émotion. « Bobby a dirigé de grandes entreprises et a profondément transformé le paysage audiovisuel haïtien. » Sous sa direction, Télé Max est devenue une référence nationale, une école, une vitrine de la créativité haïtienne. « C’était un visionnaire, un bâtisseur », a poursuivi Villefranche. « Il a inspiré toute une génération de techniciens, d’animateurs, de journalistes et d’artistes. Aujourd’hui, au nom de tous ceux qui ont partagé son chemin, nous lui disons merci. »
Lucien Jura, journaliste de carrière et ancien collaborateur de Télé Max, a également tenu à honorer la mémoire de son mentor. « Plus de vingt-deux ans après cette aventure inoubliable vécue sous sa direction, les souvenirs restent intacts », a-t-il confié. « Bobby Denis était un monument. Il incarnait la rigueur, l’exigence et la passion du métier. »
De son côté, Herold Jean-François, directeur général de Radio Ibo, est intervenu au nom de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), dont Robert Denis fut membre fondateur et président. « Toutes les premières réunions qui ont conduit à la création de l’ANMH se sont tenues dans les espaces de Télé max à Delmas 19 », a-t-il rappelé. « L’association est née pour défendre la liberté de la presse, la liberté d’expression, et le droit des journalistes à informer sans contrainte. » Sous l’impulsion de Bobby Denis, l’ANMH est devenue un pilier de la défense du journalisme indépendant. « Pendant vingt-quatre ans, nous avons tenu bon, souvent en plaçant la liberté d’expression au-dessus même des intérêts corporatifs », a poursuivi Jean-François. « C’était la vision de Bobby : un média doit d’abord servir la vérité. »
Le moment le plus émouvant de la cérémonie est venu de la voix tremblante de Cédrick Robert Denis, fils du défunt. S’exprimant avec pudeur, il a confié : « Il est difficile de marcher dans les pas de Bobby. Il a mis la barre si haut que j’espère, au mieux, atteindre ne serait-ce que 10% de ce qu’il a accompli. » Les mots de Cedrick ont révélé toute la profondeur du lien entre père et fils : « Mon père aimait profondément son travail. Il me disait souvent yon gason dwe bay 100 % nan sa lap fè. C’est une leçon de vie qu’il m’a laissée. »
Cédrick Denis a conclu son intervention par une phrase simple, mais bouleversante : « Je ne suis pas un grand orateur, mais je veux juste dire que Bobby était aimé, profondément aimé. Il va terriblement me manquer. Je lui souhaite un beau voyage, pour aller retrouver sa maman. »
Pour rappel, Robert Denis s’est éteint le 14 octobre 2025, laissant derrière lui un héritage immense. Fondateur de la compagnie Audiotek, de Télé Max et PDG de Canal Bleu, il fut un acteur central de la modernisation du secteur audiovisuel haïtien. Son influence dépasse les murs des studios : elle s’étend à tous ceux qu’il a formés, inspirés et encouragés.
La rédaction du journal Gazette Haïti News s’incline respectueusement devant la mémoire de ce grand homme et présente ses plus sincères condoléances à la famille Denis, à ses collaborateurs et à tous les membres de l’Association nationale des médias haïtiens.
Par Arnold Junior Pierre
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