
Alors que depuis plusieurs années les plus hautes autorités du pays ont toujours manifesté leur désir de changer la loi mère du pays en l’occurrence la constitution de 1987, l’historien haïtien Georges Michel croit que cette démarche vise à établir une nouvelle dictature dans le pays.
Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de Gazette Haïti à l’occasion du 35ème anniversaire de l’adoption, le 29 mars 1987, de la constitution en vigueur, Georges Michel qui a participé à l’élaboration de celle-ci à titre de constituant, voit mal l’acharnement des dirigeants haïtiens à vouloir changer à tout prix la constitution actuelle, qui est selon eux, source d’instabilité dans le pays.
« La constitution n’a ni vieilli, elle n’est ni dépassée », a déclaré Georges Michel.
« La constitution de 1987, lors de son élaboration, devait garantir la liberté fondamentale et elle devait empêcher le retour de la dictature et c’est ce qu’elle a fait jusqu’à présent », a noté l’historien soulignant la pérennité de la constitution actuelle, « la première depuis l’indépendance à être appliquée durant si longtemps ».
Ceux qui veulent changer la constitution sont animés de mauvaise intention
Si l’administration de René Préval et celle de Michel Joseph Martelly avaient entrepris des démarches dans le sens d’un amendement de la constitution 87, l’administration de Jovenel Moïse quant à elle avait clairement manifesté son désir de doter le pays d’une toute nouvelle constitution par voie de référendum d’ailleurs interdite par l’article 284-3 de la constitution qui stipule que « toute consultation populaire tendant à modifier la constitution par voie de Référendum est formellement interdite ».
Après l’assassinat de Jovenel Moïse le 7 juillet 2021, le premier ministre Ariel Henry qui l’a remplacé depuis le 20 juillet 2021 n’a jamais caché son intention de poursuivre avec les chantiers entamés par l’ex président, en particulier le changement de la constitution.
Pour Georges Michel, cette volonté manifeste de changer à tout prix la loi mère du pays laisse entrevoir les velléités dictatoriales de l’équipe PHTK.
« Je suis contre le changement de la constitution de 1987 parce que je ne veux pas que le pays soit replongé dans la dictature et c’est ce vers quoi ils nous mènent », a martelé l’historien qui avait contribué à la rédaction de la constitution actuelle.
Georges Michel reconnait que certaines modifications sont nécessaires dans la constitution actuelle
Si l’historien rejette toute idée de changement de la constitution 87, il reconnait cependant que ce dernier a des limites et que certains changements doivent y être effectués.
« Il faut que le processus visant à conduire à l’entrée en fonction d’un premier ministre soit simplifié. Il faut que la durée du mandat présidentiel soit réduite à 4 ans mais aussi que l’article fixant les conditions dans lesquelles doit être remplacé chef de l’État en cas de vacances présidentielles soit clarifié », a-t-il cité comme exemple.
Les dangers de la dictature sont toujours là
Selon Georges Michel, le risque pour qu’un nouveau régime dictatorial soit installé dans le pays est toujours présent.
Il appelle donc les citoyens haïtiens à redoubler de vigilance pour faire obstacle à toutes démarches visant à changer la constitution de 1987.
Par: Kervens Adam PAUL
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