PubGazetteHaiti202005

Face à l’ampleur de la crise en Haïti, HRW demande aux pays étrangers de cesser l’expulsion des haïtiens

@HRW

Alors que presque quasi quotidiennement des migrants haïtiens illégaux sont expulsés vers le pays par des pays étrangers, l’organisation Human Rights Watch a qualifié ces expulsions de dangereuses face à la crise humanitaire et sécuritaire qui sévit en Haïti. Elle appelle donc les gouvernements étrangers à mettre fin à ces rapatriements.

L’organisation internationale Human Rights Watch, dans un communiqué publié ce jeudi 24 mars 2022, a fait savoir que « les États-Unis et tous les autres pays devraient mettre fin aux expulsions et aux rapatriements forcés vers Haïti ».

Selon l’organisation basée à Washington, les personnes expulsées en Haïti sont exposées à un risque élevé de violence et n’ont pas de réel accès à des mesures de protection ou judiciaires. 

Human Rights Watch a fait écho du constat alarmant souvent dressé par les organisations nationales de défense des droits humains, soutenant qu’en Haïti, les nombres d’homicides et d’enlèvements commis par les gangs contrôlant les zones stratégiques du pays atteignent des niveaux alarmants, et la situation est encore aggravée par l’impunité persistante dont bénéficient les auteurs de violations de droits humains et de crimes, le tout sur fond de crise humanitaire.

« Il est inadmissible pour tout gouvernement d’envoyer des personnes en Haïti, alors que le pays connaît une telle détérioration de la sécurité et un risque si élevé d’atteinte à la vie et à l’intégrité physique des personnes. Aucun gouvernement ne devrait renvoyer des personnes vers Haïti. Et les États-Unis, responsables de la grande majorité des renvois, devraient cesser d’invoquer sans raison et de manière illégitime une ordonnance de santé publique pour procéder à des expulsions abusives de personnes haïtiennes », a déclaré César Muñoz, chercheur senior auprès de la division Amériques de Human Rights Watch cité dans le communiqué.

L’organisation soutient que dans la situation actuelle du pays, ces renvois « mettent la vie des personnes expulsées en danger et cela restera le cas tant que les conditions de sécurité ne se seront pas améliorées ».

« Haïti est en proie à une situation sécuritaire désastreuse, caractérisée notamment par la perte du contrôle des zones stratégiques par le gouvernement au profit de dangereux gangs armés, qui, selon une opinion largement répandue, seraient financés par des politiciens et compteraient des policiers parmi leurs rangs. Les violences ont aggravé une crise humanitaire déjà aiguë », regrette Human Rights Watch.

En outre, Human Rights Watch a noté le dysfonctionnement total des trois pouvoirs de l’États. 

« Compte tenu des conditions de sécurité en Haïti, les groupes de la société civile et les organisations venant en aide aux migrants de retour ont dit craindre que les personnes expulsées ou rapatriées de force en Haïti courent le risque d’être enlevées et de subir du chantage par les gangs criminels, car ces derniers pourraient croire que les personnes revenues au pays ont de l’argent pour voyager ou des proches à l’étranger prêts à payer des rançons. Cependant, il n’existe actuellement aucun système pour suivre et assister les migrants de retour », a soutenu l’organisation exhortant les gouvernements étrangers à mettre fin non seulement aux rapatriements, mais à collaborer avec les autorités haïtiennes, les agences de l’ONU et les donateurs pour créer un programme complet de réintégration pour les personnes déjà revenues au pays, a déclaré Human Rights Watch. 

« Ce programme devrait répondre aux besoins spécifiques des rapatrié·e·s, notamment en termes de travail, de sécurité, de regroupement familial et de services aux survivant·e·s de violence sexiste (par exemple, l’accès à une contraception d’urgence), et proposer une prise en charge des enfants sur la base d’évaluations de l’intérêt supérieur », a recommandé Human Rights Watch.

 

Par: Kervens Adam PAUL

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