PubGazetteHaiti202005

Haïti-Violence armée : le BINUH se dit préoccupé par la prolifération des gangs, et rappelle que l’État à l’obligation de protéger la population

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Dans un communiqué de presse publié ce mardi 20 octobre 2020, le Bureau Intégré des Nations Unis en Haïti (BINUH), a exprimé la préoccupation des Nations Unies face à la montée de la violence et de la prolifération des gangs armés dans le pays. Le BINUH a aussi rappelé que l’État à l’impérieuse obligation de protéger la population en rassurant que les Nations Unies s’engagent à continuer d’appuyer le développement de la police nationale, de la CNDDR, et du système judiciaire d’Haïti en vue de faire régner la stabilité dans le pays.

Dans ce communiqué de presse, l’organisation des Nations Unies rapporte qu’après le départ des dernières forces de la MINUJUSTH, il y a un an, le contexte sécuritaire haïtien demeure fragile, avec une recrudescence d’épisodes de violence dont la population est la principale victime. 

Le BINUH souligne que depuis le meurtre de Maître Monferrier Dorval le 28 août 2020 dernier, plusieurs pères et mères, enfants, étudiants, hommes de lois, travailleurs, et entrepreneurs ont été assassinés, renforçant la peur au quotidien dans de nombreux foyers. Des centaines de familles sont actuellement hébergées dans des abris de fortune après que leurs maisons aient été incendiées par les gangs, notamment dans les quartiers de Bel Air et de La Saline. Des défenseurs des droits humains et des journalistes sont menacés de mort pour avoir révélé et dénoncé des injustices.  Des manifestants, tel que l’étudiant Grégory Saint-Hilaire, sont tués ou blessés en prenant part à des mouvements de revendication pacifiques. C’est sur cette réalité que se fondent les demandes citoyennes pour plus de sécurité et de justice.

« Dans la capitale, les bandes criminelles armées sapent de plus en plus l’autorité de l’État et ont causé une augmentation brutale du nombre de victimes dans certains quartiers. La violence des gangs a une incidence directe sur l’activité économique, formelle et informelle, sur l’emploi, et sur l’attractivité du pays. Elle se fait également sentir au sein des ménages en situation de vulnérabilité, dont elle réduit l’accès – déjà limité – aux services, y compris d’assainissement, de santé et d’éducation. Eu égard à la polarisation actuelle de la sphère politique, cette violence est particulièrement préoccupante à l’approche d’un nouveau cycle électoral, alors même que les auteurs des attaques armées de ces dernières années à Grande Ravine, La Saline ou encore Bel Air n’ont toujours pas été traduits en justice », peut-on lire dans le communiqué.

Parallèlement le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dit condamner avec véhémence « tous les actes de violence contre la population qui contribuent à la montée de l’insécurité sur le territoire national ». De plus, il rappelle que l’État haïtien a l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger les populations prises en otage par les actions criminelles des gangs et l’encourage à renforcer les moyens et la présence de la PNH auprès des populations les plus vulnérables pour combattre cette menace pour la démocratie, la justice et la stabilité.

Le BINUH déplore l’impunité dont jouissent actuellement des membres de nombreuses bandes armées. Selon l’organisation des Nations Unies, cette impunité est un affront à l’État de droit et nourrit de nouveaux cycles de violence.

« Nous encourageons les acteurs étatiques, à commencer par la CNDDR – l’entité nationale chargée de la coordination de lutte contre la violence au sein des collectivités, et les acteurs de la société civile, y compris les groupes de jeunes et de femmes, à amplifier leurs efforts pour réduire la violence dans chaque communauté à travers le territoire », a écrit le BINUH dans ledit communiqué, précisant qu’il est impératif que, malgré les défis, Haïti poursuive son chemin vers la stabilité et la sécurité, deux conditions essentielles à un développement social et économique durable. 

Selon le BINUH, malgré certains efforts, de nombreux progrès restent encore à accomplir. Ainsi, le BINUH reconnait que les effectifs de police sont actuellement insuffisants pour accomplir les tâches qui leurs incombent selon les standards internationaux, et la principale force de sécurité du pays est affectée par un manque criant de financement, de formation, d’équipement adéquats et de véhicules spécialisés.
« Au-delà de l’aspect sécuritaire, une réduction forte de la violence requiert une approche holistique visant à s’attaquer non seulement aux symptômes et manifestations du phénomène des gangs, mais également à l’ensemble des causes profondes de la criminalité et de la violence – qui trouvent leurs racines non seulement dans le terreau fertile que constituent la pauvreté, le manque d’opportunités économiques et le manque d’espoir, mais également dans les présumés liens diffus entre élites politiques, élites économiques, et bandes criminelles armées. Il est à cet égard urgent que la stratégie nationale de réduction de violence communautaire développée par la CNDDR soit endossée aux plus hauts niveaux de l’Etat et que sa mise en œuvre soit non seulement appuyée par les acteurs nationaux et internationaux avec une coordination rigoureuse, mais également pleinement financée », a conclu le BINUH promettant que les Nations Unies vont continuer d’appuyer le développement de la police nationale, de la CNDDR, et du système judiciaire, des éléments critiques à la stabilité d'Haïti, ainsi que de promouvoir la protection des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de la population haïtienne, qui sont autant d’acquis cruciaux sur lesquels doivent reposer les fondations d’une société plus juste.


Rappelons que selon l'opposition et des organisations de droits de l'homme, le BINUH serait le principal support de la fédératiion des gangs G9. Lors du dernier rapport de l'ONU,  l'organisation avait fait savoir que ce regroupememt de gangs armés aurait favorisé une chute dans les cas d'assassinats dans les quartiers populaires. 

 

 

Par Kervens Adam PAUL

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