Lors de la 22ᵉ édition des Mardis de la Nation, tenue ce mardi 19 mars 2025, le gouvernement haïtien a présenté un nouveau programme destiné à renforcer les partis politiques officiellement reconnus. L’annonce a été faite par Gracien Jean, ministre délégué chargé des questions électorales et constitutionnelles. Ce projet vise à préparer les prochaines élections et à encourager l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs politiques en Haïti.
Tout d’abord, Gracien Jean a tenu à préciser que ce projet allait concerner l’ensemble des dix départements géographiques du pays. « Nous voulons préparer les partis politiques à mieux jouer leur rôle dans la construction de la démocratie », a affirmé le ministre. Selon lui, il ne s’agit pas seulement d’un accompagnement technique, mais d’une réforme en profondeur du fonctionnement interne des organisations politiques.
Ensuite, le ministre délégué chargé des questions électorales et constitutionnelles a détaillé les différents volets de ce plan. Il met l’accent sur une gestion financière plus rigoureuse, le recrutement de cadres qualifiés, l’amélioration des ressources humaines ainsi que l’élaboration de stratégies électorales mieux structurées. L’objectif, selon lui, est clair : permettre aux partis de gagner en crédibilité, en efficacité et en capacité d’action.
L’un des aspects les plus novateurs de ce programme repose sur l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC). Les partis bénéficieront d’un accompagnement pour développer et gérer leurs sites web, organiser leurs bases de données et mettre en place des outils numériques de collecte d’informations. « Dans un monde de plus en plus connecté, il est impératif que nos partis politiques sachent utiliser les outils modernes de communication et de gestion », croit Gracien Jean.
Le ministre a rappelé par ailleurs que ce programme s’inscrivait dans la vision du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, qui a fait de la réforme politique un chantier prioritaire de son gouvernement. Ainsi, ce plan s’aligne sur les dispositions de l’Accord du 3 avril 2024, lequel met l’accent sur la sécurité publique, le référendum, la réforme constitutionnelle et l’organisation d’élections générales dans les délais fixés.
« Le Premier ministre est attaché à l’idée que seule une classe politique renouvelée et bien préparée peut garantir la stabilité et le développement du pays », a souligné le ministre Jean. De plus, au-delà des aspects techniques, le programme ambitionne de former une nouvelle génération d’élus et de cadres capables de relever les défis du pays. « Le renouvellement du personnel politique est un impératif », a déclaré Gracien Jean. Dans un contexte où la méfiance entre la population et ses dirigeants est profonde, cette initiative vise à restaurer le lien civique et à instaurer une culture politique plus responsable.
D’un côté, en annonçant cette réforme, le gouvernement envoie un message fort à la population en montrant sa volonté de rompre avec les pratiques du passé et de construire des institutions solides. De l’autre, il s’adresse aux partenaires internationaux qui réclament depuis longtemps une meilleure organisation de la vie politique haïtienne. « La stabilité démocratique ne peut se construire sans des partis politiques forts et bien structurés », a insisté le ministre. Pour lui, ce programme constitue une étape incontournable vers la préparation d’élections crédibles et inclusives.
Parallèlement, le gouvernement souligne que cette réforme politique a aussi une dimension économique et sociale. En effet, des partis plus solides et plus transparents seront mieux placés pour concevoir des politiques publiques adaptées aux besoins de la population. « Nous voulons remettre le pays sur la voie d’un développement durable et inclusif », a poursuivi Gracien Jean, rappelant que cette réforme n’est pas une fin en soi, mais un levier pour redonner confiance aux citoyens et attirer des investissements.
Cependant, ce programme soulève d’immenses attentes dans une société marquée par des décennies d’instabilité institutionnelle. Pour certains analystes, sa réussite dépendra autant de la volonté politique des dirigeants que de l’adhésion des partis eux-mêmes. Tandis que certains craignent que les formations politiques, souvent fragiles et fragmentées, soient aptes à s’approprier ces outils, d’autres voient dans cette initiative une opportunité unique de professionnaliser la vie politique et de favoriser l’émergence de nouveaux leaders.
Le gouvernement a prévu une enveloppe globale de 67,5 millions de dollars américains pour l’organisation du référendum constitutionnel et des prochaines élections. Ce montant figure dans la lettre de cadrage budgétaire 2025-2026 datée du 8 août et adressée par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé aux ordonnateurs de l’administration publique nationale. En effet, ce financement s’appuie sur un Basket Fund doté initialement de 39 millions de dollars jusqu’au 30 novembre 2024, renforcé de 10 millions additionnels, et qui sera complété par 27,5 millions en cours de mobilisation d’ici septembre 2025. De plus, le processus a franchi une étape importante avec la publication du décret référendaire du 3 juillet 2025.
Cet instrument juridique s’appuie sur l’avant-projet de Constitution soumis au débat public en mai dernier et doit conduire, dans les mois à venir, à un référendum national suivi d’élections générales inclusives, conformément à l’Accord du 3 avril 2024. Enfin, le chef du gouvernement a souligné que des technologies fiables seront introduites pour renforcer la transparence et réduire les risques de fraude, tandis que des campagnes de sensibilisation seront menées auprès des jeunes, des femmes et des populations rurales afin d’encourager une participation citoyenne massive.
Arnold Junior Pierre
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