Le Conseil permanent de l’Organisation des États Américains (OEA) a approuvé, ce 13 novembre 2023, une résolution en soutien à la demande d’Haïti visant à transformer la Mission multinationale de soutien à la sécurité en une opération de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies. Cette transformation a déjà été proposée par les États-Unis et le gouvernement haïtien. L'objectif est de remédier aux insuffisances de la mission multinationale dirigée par le Kenya, dues à un manque de financement, dans l’espoir qu’avec le soutien des Nations Unies, la mission gagnera en efficacité.
Lors de sa session ordinaire du 13 novembre 2024, le Conseil Permanent de l'Organisation des États Américains (OEA) a adopté la résolution CP/RES. 1268 (2523/24), en appui à la demande d'Haïti pour une intervention renforcée des Nations Unies. Cette résolution fait suite à l’approbation par le Conseil de Sécurité des Nations Unies de la résolution 2751 (2024), qui prolonge le mandat de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité en Haïti pour une année supplémentaire, en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
Le gouvernement haïtien, par le biais de son Conseil Présidentiel de Transition, avait officiellement demandé le 22 octobre 2024 la transformation de cette mission en une véritable opération de maintien de la paix des Nations Unies.
La résolution de l'OEA souligne également « l'importance historique du soutien international apporté à Haïti à travers les précédentes missions de l’ONU », telles que la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) et la Mission des Nations Unies pour le Soutien à la Justice en Haïti. Selon l’organisation hémisphérique, ces missions ont contribué, dans le passé, à maintenir un climat de paix et de sécurité.
L'OEA exprime sa vive inquiétude face à cette situation, estimant que ces divers facteurs « entravent la voie vers la gouvernance démocratique et le développement économique et social à long terme du pays, et pourraient mettre en péril la stabilité de la région ». Elle rappelle également que, selon sa Charte, la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales incombe au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Ainsi, l'OEA appelle le Conseil à « soutenir de manière urgente la demande d'Haïti pour une transformation de la mission dirigée par le Kenya en une opération de maintien de la paix. »
Afin de rendre ce soutien effectif, la résolution demande aux États Membres de l'OEA d'intensifier leur appui, notamment par des contributions financières, techniques et logistiques à la mission actuelle. Elle exhorte aussi d’autres pays à s’unir pour atteindre le déploiement complet de cette mission, conformément aux normes établies par les Nations Unies.
L'OEA reconnaît par ailleurs les efforts des partenaires régionaux et internationaux et souligne l'importance d'un soutien accru à la Police Nationale d'Haïti pour « rétablir l’ordre public et favoriser un retour à la gouvernance démocratique ». Dans cette optique, elle insiste sur l’importance d’une coopération solide entre les Nations Unies, la Mission Multinationale et la Police Nationale d’Haïti.
Enfin, l'organisation rappelle dans le communiqué, son engagement à accompagner Haïti durant cette période de transition, plaidant pour des ressources additionnelles et une aide accrue en faveur de la reconstruction sociale et économique du pays. Elle insiste sur la nécessité d’aborder les causes profondes de la crise haïtienne de manière cohérente, en coordonnant des efforts politiques, sociaux et de développement pour favoriser une paix durable.
Toutefois, il reste à voir si le Conseil de sécurité des Nations Unies prendra des mesures rapides pour répondre à cet appel pressant. Récemment, cette même option, proposée par les États-Unis, a vu son blocage par le droit de veto d'un pays membre du conseil de sécurité de l'ONU comme la Russie, invoquant les échecs des précédentes missions onusiennes en Haïti.
La résolution de l’OEA survient au moment où le pays connaît une résurgence des actes de violences au lendemain du renvoi du premier ministre Garry Conille, rapidement remplacé par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé. Plusieurs avions, dont Spirit Airlines, ont été touchés aux environs de l’aéroport International Toussaint Louverture par des tirs de bandits qui ont poussé l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) à interdire toutes les compagnies aériennes américaines et autres opérateurs commerciaux de voler en Haïti pendant au moins 30 jours.
Par Wideberlin SENEXANT
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