Les économistes Enomy Germain et Fritz Alphonse Jean émettent de sérieux doutes concernant les possibilités d’atteindre les objectifs de recettes fixés dans le budget pour l’exercice fiscal 2019/2020 adopté la semaine dernière par l’Executif. Un budget qui risque de favoriser davantage la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain en raison principalement du niveau de déficit prévu dans le budget, selon eux._
Il faut dire que Enomy Germain et Fritz Alphonse Jean ne lisent pas le nouveau budget dans les mêmes lunettes que le ministre de l’économie et des finances, Michel Patrick Boisvert. Ce dernier a laissé entendre, hier (lundi), que les prévisions de recettes prévues dans le budget sont réalistes reconnaissant, toutefois, des efforts à déployer par les structures concernées que sont la DGI et la Douane pour la concrétisation de ces projections. Ce que démentent ces deux économistes. Pour M. Germain, le budget 19/20, adopté la semaine dernière, n’est ni sincère ni réaliste. Il relève plusieurs aspects du document de budget pour corroborer sa position citant notamment l’incapacité de l’Etat s’agissant de concrétiser les 89.3 milliards de gourdes de recettes internes prévues dans le budget. « Seulement 41 milliards de gourdes ont été collectées pour le premier semestre de l’année fiscale, tandis qu’à cette période les activités économiques n’étaient pas encore paralysées par la crise sanitaire liée a la COVID-19 contrairement au second semestre », fait remarquer l’économiste.
« Les prévisions concernant les financements internes estimées à 25.7 milliards de gourdes rien qu’à travers les bons du trésor peuvent également en témoigner », explique l’analyste économique soulignant que le budget tend aussi à favoriser davantage la détérioration du taux de change en raison principalement du niveau de déficit prévu dans le budget. Plus de 30 milliards de gourdes, indique le chargé de cours au Centre de Techniques de Planification et d'Économie, CTPEA.
« De plus, il s’agit d’un budget Pro-COVID qui ne favorise pas la croissance économique », déplore Enomy Germain qui dénonce la contraction d’environ 24.4% du budget de l’agriculture dans ce budget comparativement au précédent budget.
« Le budget 19-20 n’est pas crédible », estime, pour sa part, l’économiste Fritz Alphonse Jean. L’ex-gouverneur de la Banque de la République se questionne perplexe sur de nombreux points incérés dans le document et surtout sur la motivation des artisans de ce budget adopté à seulement quelques 4 mois de la fin de l’exercice fiscal. A l’instar de son confrère Enomy Germain, l’ancien premier ministre nommé, membre de l’Initiative Patriote de Marien, estime que ce budget ne fait que renforcer la peur concernant le taux de change. Il dénonce le fait que le budget ne reflète pas la réalité actuelle du pays.
Enomy Germain fait remarquer aussi que ce budget laisse présager une année fiscale extrêmement difficile considérant les indicateurs macroéconomiques actuels.
Par Diego O. Charles
lezec15@gmail.com
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