La capitale haitienne a connu un dimanche de tension/ Au moins 5 blessés lors de la manif des policiers

5 personnes blessées dont 3 journalistes, des barricades de pneus enflammés un peu partout, jets de pierre, tel est le bilan de la manifestation des policiers membres du groupe 509 ce dimanche 7 juin 2020. Supportés par un groupe de militants politiques, ils étaient rassemblés au carrefour de Résistance ( Carrefour Aéroport), Champs de Mars et Sans Fil. Une fois lancé, le cortège comprenant les branches de Sans Fil et du Champs de Mars a été vite dispersé par les forces de l'ordre montés à bord de plusieurs chars blindés en lançant à profusion des gaz lacrymogènes. En colère, les manifestants ont commencé par dresser des barricades sur la chaussée et ont réussi à rejoindre le groupe de Carrefour de Résistance eux aussi dispersé par les blindés. 

Sur la route de Delmas, la tension était montée d'un cran. Des heurts ont éclaté entre les policiers protestataires pour la plupart en uniforme et les blindés qui manifestement voulaient empêcher la tenue de la manifestion. A chaque fois qu'ils essaient de se remobiliser, les blindés dont un sans plaque d'immatriculation les aspergent de gaz lacrymogène. A Delmas 34, par exemple, un reporter de RCH 2000 a fait état d'un char qui y est rentré et lançait des gaz lacrymogènes blessant au moins une femme grièvement au visage. Les habitants ont riposté à coup de pierre et de tesson de bouteille et dressé des barricades de pneus enflammés paralysant ainsi la circilation des véhicules dont le transport en commun. Face à cette situation, la plupart des super-marchés ont dû baisser leurs rideaux.

Les policiers protestaraires qui n'ont fait aucun usage de leurs armes ce dimanche et qui réclament 50 000 gourdes de salaire et des frais de 25 000 gourdes s'en sont pris au Haut Commandement de la police qu'ils accusent d'utiliser des blindés pour répondre à leurs revendications. Un policier qui s'est identifié comme membre du groupe 509 a même annoncé que d'ici peu leur mouvement sera un mouvement anti-Jovenel qui aurait selon lui intimé l'ordre au DG de la police de les matraquer. 

Si les policiers revendiquent une augmentation de salaire, les militants politiques quant à eux réclamaient la démission de Jovenel avant la fin de son mandat le 7 février 2021. 

La manifestation qui devait se rendre à Pétion- Ville a dû se résigner de bifurquer à Delmas 32 avant de de se rendre à Bourdon où des barricades plus imposantes ont été érigées. A Bois-Verna notamment, les manifestants en colère se sont emparés des pneus de rechange entreposés par des petits commerçants et dressé une barricade géante. Toutes les activités étaient paralysés de Lalue jusqu'au Centre Ville. 

La manifestation allait prendre fin devant le ministère de la justice où les policiers ont livré un message reprenant leurs revendications et annoncé la poursuite de la mobilisation. 

Jose Emmanuel