PubGazetteHaiti202005

Haïti/Economie: Mise en circulation de nouveaux billets: Enomy Germain applaudit, Etzer Emile critique 

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La banque de la république d’Haïti (BRH) a annoncé le 13 avril dernier la mise en circulation prochaine de deux nouveaux billets, notamment, de 2.500 gourdes et de 5.000 lors du lancement de la 11e édition du Sommet international de la finance. En réaction, si l’économiste Enomy Germain y voit une stratégie pour pallier la problématique de l’inflation galopante, l’économiste Etzer Emile croit mordicus que la banque centrale ne s’attaque pas aux vrais problèmes de l’Economie et que cette décision fait plutôt l’affaire de la banque centrale, elle-même.

 

Des économistes réagissent suite à l’annonce du gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) concernant la mise en circulation prochaine de billets de 2 500 et de 5 000 gourdes. Pour ou contre, les économistes ne se trouvent pas sur la même longueur d’onde. Ces derniers ramènent sur le tapis les décisions prises par la banque centrale en 2005 où Mr Ronald Gabriel fut directeur de la monnaie et de l’analyse économique pour expliquer les dessous de cette affaire et passer au crible cette décision de la banque de la république d’Haïti version Jean Baden Dubois.

 

 Une mesure justifiée selon Enomy Germain

 

« Il faut toucher plusieurs éléments pour comprendre cette décision. Il y a deux situations qui justifient la décision des banques centrales pour imprimer de grosses coupures (monnaie) », indique l’économiste précisant que parmi ces situations, on distingue l’inflation et la situation quand l’économie est dynamique où les ménages réalisent de grosses transactions avec des montants élevés. « La banque centrale se base sur le premier élément de justification (inflation galopante) pour annoncer l’impression des grosses coupures de 2500 et de 5000 gourdes en général », affirme Mr Germain démontrant l'existence réelle d'une inflation galopante.

 

« L’émission des billets de 1.000 gourdes sur le marché en 2005 n’avait pas occasionné une situation d’inflation », rappelle Mr Germain informant que trois mois avant l’émission des billets, l’inflation moyenne était autour de 1.72% et 0.87% et trois mois après « Il n’est pas possible d’associer l’impression de nouveaux billets à une situation d’inflation », conclut l’économiste assurant qu’il n’y a aucune crainte dans l’émission du billet de 2500 gourdes si l’on tient compte de son manque d’impact sur l’inflation et le taux de change.


 « Si le billet de 2500 gourdes n’aura pas de conséquences négatives en terme d’inflation, cette émission favorisera, tout de même, d’autres problèmes qui ne sont pas d'ordre économique comme le blanchiment des avoirs et de financement d’activités illégales », avertit le spécialiste illustrant qu’il est plus facile de transporter une grosse somme  à l’aide de grosses coupures.  Toutefois, l’économiste Enomy Germain se dit inquiet pour l’émission du billet de 5000 gourdes. « Il faut que la BRH puisse réaliser des études approfondies pour savoir si ce billet n’aura pas des conséquences néfastes », suggère Mr Germain qui croit qu’une décision comme celle-ci n’est pas nécessaire.

 

 « la BRH ne s’attaque pas aux vrais problèmes » selon Etzer Emile


Si l’économiste Enomy Germain jette un regard majoritairement favorable à cette annonce, son confrère Etzer Emile ne voit pas de bon œil  cette décision qui, selon lui, ne va rien améliorer dans l’économie. « L’émission de nouveaux billets ne viendra pas résoudre les problèmes d’inflation dans l’économie », argumente Etzer Emile dénonçant que cette mesure permettra à la BRH de se conformer à l’inflation qui sévit dans le pays depuis des mois. «  Dans tous les pays où la monnaie perd de la valeur, les autorités compétentes sont obligées d’émettre des billets avec de plus gros montants pour s’adapter à la situation », explique Etzer Emile. « tant que les produits augmentent et que la gourde perd de sa valeur, tant qu’il y aura obligation de s’adapter », avance-t-il.

 

 « Le vrai problème concerne le dollar qui gagne en valeur, la vie chère et les problèmes d’emploi », cite Mr Emile tout en alertant que la question d’émission de nouveaux billets n’adresse aucun problème fondamental de l’économie et ne permet qu’à la BRH de se conformer à la réalité. De surcroît,  le PDG de Haïti-Efficace affirme que cette décision augmentera les caisses de la banque de la république d’Haïti. « Quand la BRH imprime les petits billets, elle fait la même dépense pour imprimer les gros billets », révèle Etzer Emile soulignant que la banque centrale préfèrera toujours dépenser pour imprimer un billet de 5 000 gourdes que d'imprimer 5 billets de 1.000 gourdes. « Cette décision lui permet de garder de l’argent en évitant des dépenses dans l’impression des billets à l’étranger », poursuit l’économiste qui dézingue l’initiative qui n’aura aucun impact sur l’économie, estime-t-il.

 
S’il critique avec véhémence la décision, l’économiste Etzer Emile croit mordicus qu’il faut s’attaquer aux phénomènes de l’insécurité, crise politique et que l’Etat mette de l’ordre dans ses finances. « La mesure de la BRH ne représente rien par rapport aux défis auxquels le pays fait face actuellement sur le plan économique », conclut l’économiste.

 

 

 

 

Par : Daniel Zéphyr

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