PubGazetteHaiti202005

La gourde continue de dégringoler face au dollar, malgré l’augmentation des transferts de la diaspora

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La gourde continue de se déprécier par rapport au dollar et ceci en dépit d’une augmentation d’environ 33% des transferts de la diaspora vers Haïti durant les 6 derniers mois. Les chiffres de la Banque de la République d’Haïti font état d’une perte de valeur d’environ 18.8% de la gourde sur les 6 derniers mois. Les économistes expliquent cette situation  par les déséquilibres notamment liés aux problèmes structurels de l’économie nationale.

 

La gourde a perdu 18.87% de sa valeur entre le 1er octobre 2020 et le 23 mars en cours, selon la Banque de la République d’Haïti. En effet, le taux de référence est passé de 65,92 gourdes pour un dollar américain en septembre 2020 à 79 gourdes fin mars 2021. Une situation qui préoccupe au plus haut point la population dans la mesure où cette détérioration du taux de change va en grandissant. Et, ceci à un rythme très inquiétant. Justement, le taux de référence de la BRH qui était de 75 gourdes pour un dollar au 1er mars 2021 est passé à environ 79 gourdes au 30 mars. Soit une dépréciation d’environ 5% en seulement 30 jours.

 

Invités à intervenir sur le sujet, les économistes Etzer Emile et Enomy Germain évoquent plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cette situation notamment le déséquilibre entre l’offre et la demande du dollar. Ces analystes économiques mettent également en cause la mauvaise gestion des finances publiques faite par le gouvernement. Ils font remarquer que le financement monétaire a déjà atteint plus de 35 milliards de gourdes au 2ème trimestre de l’exercice fiscal en cours alors que le niveau de financement des actions gouvernementales par la BRH prévu pour l’année fiscale est de 39 milliards de gourdes.

 

D’aucuns s’interrogent perplexes sur le fait que l’augmentation des transferts de la diaspora vers Haïti n’ait pas contribué à l’amélioration de la situation. En effet, les transferts ont connu une augmentation de l’ordre de 33% sur les 6 derniers mois, selon la Banque Centrale. Etzer Emile et Enomy Germain justifient cela par le fait que cette hausse constatée dans les transferts n’est pas suffisante pour compenser la demande en dollar de l’économie qui dépasse de loin l’offre de la devise américaine. D’ailleurs, le taux de change peut en témoigner.

 

« L’augmentation de ces transferts qui sont de l’ordre de trois milliards de dollars est une bonne chose. Cependant, elle n’est pas suffisante pour, au moins, financer les importations du pays qui se chiffrent actuellement autour de 5 milliards de dollar », expliquent-ils. Enomy Germain a fait remarquer que les importations ont augmenté de 21% à un rythme annuel. Cette augmentation des transferts aurait dû être accompagnée par des mesures favorisant l’investissement direct étranger et le tourisme qui sont deux autres principales sources de devises dans le pays, estiment les économistes.


Etzer Emile déplore que la vente du dollar soit devenue un moyen pour ceux qui ont accès au billet vert de faire de gros profits rapides contribuant ainsi dans le fort déséquilibre entre l’offre et la demande de la devise américaine. Le chroniqueur économique de Vision 2000, qui se montre consterné par cette situation, dénonce l’influence de certains acteurs de l’économie nationale qui ne voient que leurs intérêts personnels.

 

Par Diego O. Charles

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