PubGazetteHaiti202005

Haïti boucle ses examens officiels de 2025 et fait place au suspense des résultats

Des élèves en salle d'examens

Le pays, en forte tension depuis des temps, a toutefois réussi cette partie. Ce 17 juillet 2025 marque la fin des examens officiels du bac de 2025. Près de 192 000 inscrits au bac. Malgré les crises tout au long de l'année, les examens ont pu être réalisés dans les différentes régions du pays.

Débutés depuis le 30 juin pour les examens de la 9e, de l'école normale d'instituteurs et de jardinières d'enfants, ainsi que des centres d'éducation familiale, cela se termine avec le bac qui a commencé le lundi 14 pour clore ce 17 juillet.

Si les autorités n'ont encore fait aucun bilan officiel, notre rédaction a pu se retrouver dans des centres de la région métropolitaine pour suivre le déroulement et particulièrement la fin.

Il est 9 h, les élèves du NS4 sont déjà en train de subir le test de maths, au lycée Horatius  Laventure qui les reçoit. Le calme règne, et devant le portail, un backup de police assure la supervision du déroulement du dernier jour. 18 salles, 22 étudiants par salle qui reçoivent 2 séries (SMP et SES). Toutefois, on relate près de 17 cas d'absences. Dady Charles, directeur du centre, ne signale que de petits incidents de stress pas trop graves et ne déplore aucun cas de fraude, car des fouilles sont bien réalisées.

Au centre d'examen de St Louis Gonzague, c'est différent. À l'entrée de la vaste cour, des parents attendent leurs élèves sous les arbres. Les mots du directeur d’un des centres parlent de 220 inscrits en son site pour 16 absences.

Dans les salles, 2 surveillants. Les élèves se concentrent sur le test de maths.

Un cas de malaise dans ce centre a été signalé par le directeur du centre, Kerby Eliozor. Une élève a été malheureusement atteinte d'une crise depuis lundi. Formé en secourisme, le directeur, M. Eliozor, a pu jouer le rôle du vigilant. Ce qui paraît drôle, selon ce jeune professeur au Saint-Louis de Gonzague, c’est qu’en appelant le Centre ambulancier national, il répond qu’il n'avait pas d'ambulance disponible. Par ailleurs, le directeur dit rester en contact avec les parents de la jeune fille qui a malheureusement raté les examens, et un procès-verbal pouvant justifier son cas a été rédigé.

Dans une autre partie, au siège de St Louis Gonzague, on a reçu des cas spéciaux issus de différentes régions du pays. Il y avait plus d’un sortant des zones du Centre d’Haïti actuellement dévasté, de Cité Soleil et d'autres lieux ou zones.

À Pétion-Ville, au Lycée national de Pétion-Ville, un cadre de figure différent. C’est le bastion des cas spéciaux. Au micro de Gazette, on informe avoir reçu plus de 400 élèves qui n’ont pas trouvé de fiche ou, pour d’autres, à cause d'empêchements, ont pu avoir accès au LNPV. Jaccé Jean Canes, directeur du centre et superviseur au lycée en vacation matin, assure avoir tout mis en œuvre pour le bon déroulement et un bon dénouement. Il évoque les disputes dont des gens se plaignent quand il s’agit des cas spéciaux.

À l'instar de l'unique élève venue de Mirebalais, actuellement livrée aux gangs, pour s'assurer la poursuite, le directeur dit prendre en compte chaque feuille et fait chaque dépouille lui-même, preuve que rien n'est négligé.

Questionnant des élèves au cas spéciaux du philo et des 4 séries quant au déroulement, ils parlent de la bonne attitude des responsables du centre LNPV après leur cas, et se disent à l’aise, apaisés, ayant bien passé tous les tests.

Autre son de cloche dans l’un des centres d’examens au St Louis Gonzague. Après l'examen de maths, les élèves dont certains en pleurs, fustigent les responsables de ne pas leur avoir laissé assez de temps. Sur le visage de la majorité, des lignes de sentiment de peur de l’échec se dessinent.
« On est obligé de recopier tous les exercices sur la feuille et on nous a pris ça dès 10 h 50. J’ai même pas pu faire la majorité des exercices », déplore un élève du SVT issu du Lycée national de Cité Soleil, venu en cas spéciaux à ce bloc. Toutefois, l’autre centre, au même local, continue de poursuivre le test.

Les examens se terminent, les élèves, après l’examen de créole, en liesse dans la rue, arpentent les bars, les clubs, fous quand même de joie.
« J’espère réussir, j’ai trop souffert cette année », a déclaré un élève d’une école de Puits-Blain qui garde espoir de poursuivre ses études.

Le cap est mis sur les corrections, pour des résultats et pour enfin ouvrir la voie sur la prochaine année scolaire 2025-2026.

Des écoles brûlées, universités publiques et privées fermées ou déplacées : l'alternative demeure incertaine pour ces plus de 100 000 bacheliers, bien que les résultats restent en suspens.

Une école en crise dans un pays en plein déboire. « Il n’y a plus d’école en Haïti ( Lekòl la kraze, en créole) », a déclaré sans détour devant la presse  le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle Antoine Augustin.  Selon lui, si le taux de réussite aux examens est de 50% cette année, ce serait un exploit et on devrait faire la fête. Une façon de montrer le niveau de décrépitude de l’école haïtienne. 

« Si tant vaut l'école, tant vaut la nation », dit le vieil adage. Et maintenant, que vaut la nation haïtienne ?

 

 

Par Wideberlin Sénexant

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