
Le ministère du Tourisme multiplie les initiatives pour relancer une industrie touristique lourdement affectée par les crises politiques et sécuritaires. Lors d’un atelier stratégique, des acteurs, des responsables et des spécialistes dans ce secteur ont insisté sur l’urgence de redonner vie à un secteur jugé essentiel au redressement d'haiti.
« Beaucoup de pays au passé difficile ont su se relever grâce au tourisme. Haïti a la même capacité, à condition d’y croire et de s’y engager sérieusement », a déclaré le ministre du Tourisme, John Herrick Dessources, en marge d’une présentation sur les perspectives de relance.
Selon lui, le tourisme pourrait jouer un rôle déterminant dans la résolution de certains problèmes structurels, à condition de rétablir un climat propice.
Lors de cette rencontre, le consultant Fridjy Compère a dressé un tableau sombre des effets de la crise survenue entre 2019 et 2023. L’effondrement des infrastructures, l’insécurité chronique et la désaffection des investisseurs ont fortement affaibli le secteur.
« La reprise dépend de trois piliers : le retour de la sécurité, un soutien économique aux entreprises touristiques, et la mise en place de partenariats public-privé efficaces », a-t-il souligné.
Le ministère du Tourisme affirme que cette initiative s’inscrit dans un effort plus large visant à « reconstruire l’image du pays avec intelligence et détermination, même dans une période difficile ».
Mais alors que des solutions sont envisagées, le terrain continue de se dérober sous les pieds du gouvernement. Dans la commune de Kenscoff, l’hôtel Le Montcel, véritable icône du tourisme haïtien, a été incendié.
« Ce lieu n’était pas qu’un simple hôtel. C’était un refuge, un repère, un coin de beauté et de tranquillité », a confié un habitant du quartier, bouleversé. Aujourd’hui, il ne reste que des ruines calcinées, après une attaque attribuée à des groupes armés.
Cet acte de destruction survient dans un contexte d'escalade de violences : plusieurs maisons ont également été réduites en cendres à Kenscoff 24 heures auparavant.
Les habitants déplorent l'absence de l'État face à la montée des violences. Malgré la présence sporadique des forces de l’ordre, la situation demeure hors de contrôle dans plusieurs zones.
Par ailleurs, dans la nuit du 7 avril, vers 1 heure du matin, des bandits ont pris pour cible l’église du Sacré-Cœur de Turgeau, selon une note officielle du clergé. Grâce à l’intervention rapide de la police du Commissariat de Port-au-Prince, les prêtres ont pu être évacués, mais les assaillants ont incendié un bureau de l’institution Fonkoze situé à proximité du presbytère.
« Nous vivons dans la peur. Chaque jour, on se demande si ce sera notre tour », confie une citoyenne de Turgeau, qui a assisté, impuissante, à une attaque sur son quartier.
Le contraste est saisissant : alors que le gouvernement tente de redorer l’image touristique du pays, la réalité du terrain rappelle l’ampleur des défis. Pour que le tourisme puisse renaître véritablement, il faudra plus que des discours, il faudra restaurer la confiance, la sécurité, et offrir à nouveau des lieux sûrs pour accueillir les visiteurs.
Arnold Junior Pierre
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