Plusieurs milliers d’habitants de la région de la Plaine du cul-de-sac ont gagné les rues ce vendredi 6 mai 2022 en vue d’exprimer leur ras-le-bol face à la guerre des gangs qui a déjà emporté bon nombre de leurs proches. Ces habitants, munis de pancartes où sont inscrites la plupart de leurs revendications, ont enjoint au premier ministre Ariel Henry de prendre les dispositions nécessaires pour ramener l’ordre et la sécurité.
Les armes automatiques lourdes se sont tues. La guerre des gangs a vraisemblablement pris une pause dans la région de la Plaine du cul-de-sac. La population en a profité pour faire entendre leurs cris de désespoir, de désarroi et de douleur. Une occasion de demander un Stop, une halte là.
Il était vers les 9h où plusieurs dizaines s’étaient massés à carrefour St Marc. Vêtus, pour la plupart, de T-Shirt blanc, pancarte en main où sont inscrites plusieurs de leurs revendications comme « nou pa vle gè nan plèn nan », visiblement en colère, les manifestants ont débuté la marche contre l’insécurité et la guerre des gangs.
« Laplèn p ap tounen matisan »
« Laplèn p ap tounen Matisan », scandent les résidents de la plaine du cul-de-sac réfractaires qui disent souhaiter un retour à la normale. « Il faut que Ariel Henry et la Police Nationale d’Haïti prennent les dispositions nécessaires pour nous sécuriser », exigent-ils, lançant des propos injurieux à l’encontre des autorités étatiques placées pour doter le pays de politique publique sécuritaire capable d’enrayer le phénomène de l’insécurité.
De Carrefour St Marc à Marin (Rte Nle #1), la foule grandissait au compte-gouttes. Chauffeurs de taxi, cireurs de botte, enfants et adultes se mêlent de la partie. Ces habitants qui ont dû abandonner leurs demeures pour fuir la fureur des bandits et criminels notoires, ont demandé que des dispositions soient prises afin qu’ils puissent regagner leur demeure.
« Nou mande lapè »
Le soleil de plomb de midi n’a pas empêché aux manifestants de poursuivre leur parcours. Tout au long du chemin, ils demandent une trêve dans cette guerre de gang qui a déjà couté la vie entre le 24 avril et le 2 mai, à au moins 70personnes, selon le BINUH. 68 autres sont sorties blessées et 8 portées disparues.
« Aba kidnapping. Aba mechan. Aba bandi. Se kout zam tou patou. M pa ka fè taksi », a dénoncé un chauffeur de motocyclette qui confie qu’il n’a plus la capacité de subvenir à ses besoins les plus primaires. « Nou paka sipòte ankò », se lamente-t-il.
Des personnalités habituées des manifestations de l’opposition de la capitale ont été remarquées lors de cette marche contre l’insécurité et la guerre des gangs comme des membres de « Fòs Kanapevè reveye ; Fòs Delma ». Selon leurs déclarations, ils comptent soutenir les habitants de la Plaine du cul-de-sac.
Cette marche n’avait pas de « TruckSound » pour créer de la musique et de l’ambiance. Les cris de désespoir, de désarroi des habitants de la plaine du cul-de-sac rimant avec leur colère noire ont suffi pour s se sensibiliser sur la cause.
Par : Daniel Zéphyr
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