Interrogé sur la crise qui ronge la société haïtienne à l’occasion de la première édition du « forum permanent de l’Université d’État d’Haïti (UEH) » sur les grands défis de la nation au Karibe Convention Center réalisée le lundi 17 mai 2021, le recteur de l’université d’Etat d’Haïti Fritz Deshommes fait savoir que l’université n’a pas une position véritable mais plutôt une position plurielle sur la crise.
Longtemps silencieuse sur la situation socio-politique du pays, l’Université d’Etat d’Haïti est enfin sortie de son mutisme pour s’exprimer sur la crise pluridimensionnelle qui sévit dans le pays. « Le pays est dans une situation extrêmement grave. Haïti est en crise depuis très et trop longtemps. La dimension de la crise interpelle l’université », a reconnu le recteur de l’Université d’Etat d’Haïti.
À la question posée pour connaître la position véritable de l’université d’Etat d’Haïti face à cette crise, Fritz Deshommes répond que: « L’université est un espace pluriel. Divers professeurs et étudiants ont des visions différentes sur la situation socio-politique ». En ce qui le concerne, le recteur Fritz Deshommes renvoie à ses différents écrits tout un chacun qui désire connaître sa position citoyenne par rapport aux faits saillants de l’actualité comme : la constitution et le referendum constitutionnel.
« En général, l’université intervient à partir d’un professeur, d’un groupe de professeurs ou une chaire de professeurs qui soumettent leur recherche sur un fait sociétal. Dans cette même université, il peut y avoir d’autres équipes qui interviennent sur le même sujet mais apportant une conclusion non-similaire par rapport aux autres équipes », avance Fritz Deshommes pour justifier le caractère pluriel de l’université d’Etat d’Haïti.
« On ne peut pas avoir l’opinion de l’université en tant que telle mais on trouvera l’opinion d’un ensemble d’experts qui donnent leur vérité sur un sujet donné », poursuit le professeur s’écartant de l’idée que l’université peut avoir une position singulière. Le professeur Deshommes affirme que l’université ne peut pas parler d’une seule voix.
Pour le responsable de l’UEH, dans des questions aussi graves, nationales et sensibles, c’est normal qu’une discorde tienne lieu. Toutefois, il reconnait la prudence qu’il accorde à ce dossier en vertu de la sensibilité de la question et du pluralisme de l’espace de l’université d’Etat d’Haïti.
Par ailleurs, selon le chef du rectorat de l’UEH Fritz Deshommes, l’université d’Etat d’Haïti s’est positionnée à maintes reprises sur le contexte socio-politique du pays. « Ces prises de position se font à travers des mémoires d’étudiants, des études des professeurs ou par des recherches de laboratoires et par des publications », indique Fritz Deshommes déclarant que le temps de l’université n’est pas le temps de l’homme politique, du journalisme. « Quand l’université parle, elle prend du temps. Même après une conclusion, elle s’attend à une validation du travail par ses pairs », dit-il.
Alors que le plus s’enlise dans une crise politique et sécuritaire ne cesse, l’Université, symbole de laboratoire de production de réflexions, ne s’était toujours pas positionnée véritablement. Le mardi 17 mai 2021, l’UEH est enfin sortie de son mutisme mais sa prise de parole a accouché d’une souris. La question reste toujours pendante. Quelle est la position de l’Université d’Etat d’Haïti par rapport à la crise socio-politique haïtienne ?
Par : Daniel Zéphyr
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