PubGazetteHaiti202005

18 novembre-Vertières: Jean-Charles Moise devant l'ambassade déclare vouloir détruire la classe politique, mais épargne Jovenel Moise 

La manif de Pitit Dessalines

Les manifestants ont marqué le 217e anniversaire de la commémoration de la bataille de Vertières dans la capitale ainsi que dans des villes de provinces. À la tête de plusieurs centaines de manifestants dans un premier temps, Moïse Jean-Charles marche vers l'ambassade américaine avant de délivrer un message acide pour dénoncer « l'ingérence américaine ».

 

Il est 11h25, mercredi 18 novembre, date commémorative de la bataille de Vertières. La mobilisation de l'homme fort de Pitit Dessalines démarre froidement avec quelques centaines de manifestants au carrefour de l'Aéroport. À sa tête Moïse Jean-Charles, leader de la structure, perché sur un motard, aborant une chemise rouge et jeans noir, déterminé à atteindre sa cible :  l'ambassade américaine. Peu avant, l'ancien candidat à la présidence s'est enorguelli d'avoir posé un acte symbolique :  hisser le drapeau noir et rouge au Pont Rouge, lieu de l'assassinat de l'empereur. Là où le chef de l'État a brillé par son absence, préférant une commémoration au palais national.


« Après cet acte symbolique, nous envisageons de délivrer le message devant l'ambassade pour dire non à l'ingérence de l'impérialisme américain », lâche Moïse Jean-Charles dans la foulée. 


Les manifestants ont bifurqué le macadam. Certains, indécis, décident d'embrasser la cause de Pitit Dessalines. Ils étaient plusieurs milliers à accompagner Moïse Jean-Charles, opposant farouche au pouvoir en place. 


Tout au cours du parcours, le leader de Pitit dessalines affirme vouloir divorcer avec le système. La température un peu clémente joue en sa faveur. Après plus d'une heure au carrefour de l'aéroport pour grossir la foule, Moïse Jean-Charles et ses militants prennent la direction de l'ambassade américaine. Des fines pluies tombent de Gérald Bataille jusqu'à Fleuriot.


Au milieu de la foule ( plusieurs milliers), c'est l'extase. Entre la musique engagée et le rythme du tambour, la foule s'épanouit. 


Pour Me Evelt Fanfan, « pas question d'être absent en ce jour de commémoration d'un combat que la terre n'a jamais connue. Le combat contre l'impérialisme, contre l'esclavagiste, contre le racisme ». Il se dit être là « pour signifier aux impérialistes qu'Haïti ne peut plus s'enfoncer dans la boue infecte ». 


Muraille Jean Mitho lui pense que « l'heure a sonné afin que l'ingérence prenne fin. Ceux qui ont une dette envers l'ambassade ne se pointent pas ici », tacle-t-il. 


À quelques encablures de l'ambassade américaine, un cordon de sécurité s'installe. Machine à eau, bomborne de gaz lacrymogène était sur place. « Le peuple place sa confiance en nous. C'est déjà une victoire », balance Moïse Jean-Charle, l'air satisfait.  

 

Après insistance du DJ de franchir le cordon de sécurité, des agents de police ont bombardé à coup de gaz lacrymogène les manifestants pour les disperser sans pouvoir empêcher certains manifestants dont Moïse Jean-Charles de filer entre leurs droits. 

Moïse devant l’ambassade américaine 

Devant la mission diplomatique américaine en Haïti, le leader de Pitit Dessalines livre le message sans ambages. Pour lui, c'est une victoire. 


Moïse Jean-Chales ne met pas de l'eau dans la bouche pour dénoncer l'ingérence américaine qui, dit-il, décide de celui qui doit diriger le pays et profite d'anéantir « notre production nationale ». 


Parce que le FMI intervient en faveur de la stabilisation du taux de changes, l'ex-candidat à la présidence MJC accuse le gouvernement américain d'avoir contribué à la dévalorisation de la monnaie nationale. 


« L’Oncle Sam contribue à notre misère atroce », répète-t-il à voix haute devant l'ambassade américaine. Moïse Jean-Charles dit donner un ultimatum à cette dernière, ainsi qu'aux banques commerciales pour se ressaisir avant que le pays ne soit bouleversé. Aux autres leaders de l'opposition, il leur demande de se ressaisir. 

« Bande de voleurs! », Moïse Jean Charles aux leaders du secteur démocratique

Durant toute son intervention, le leader de Ptitit Dessalines ne s'est pas attaqué à Jovenel Moise son supposé adversaire mais à ses frères de l'opposition. L'épineuse question du départ de Jovenel Moise n'a pas été non plus abordée par Moise. Pour Mloise, avec cette manifestation, l'autre frange de l'opposition est mise k.o. Il croit avoir « donné carnet » à la classe politique en général et au Secteur Démocratique en particulier. Il est allé jusqu’à les traiter de « bande de voleurs ».
« Ceux qui sont des avocats, qu’ils aillent plaider dans les tribunaux, bande de voleurs, ceux qui sont médecins, qu’ils aillent soigner dans les hôpitaux et centres de santé », a-t-il déclaré sous les applaudissements de ses partisans.
 Jean Charles Moise accusé de faire le jeu de Jovenel Moise déclare vouloir finir avec cette classe politique et en faire émerger une autre. Le leader de Pitit Dessalines croit détenir dès ce 18 novembre 2020 un mandat pour parler au nom du peuple.

 

 

 

Par Michel Césaire

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