Depuis fin mars 2025, la ville de Mirebalais, autrefois réputée pour sa quiétude et sa vitalité culturelle, vit sous le joug de bandes armées. Face à l’abandon des autorités et à la terreur qui s’installe, des voix s’élèvent pour réclamer la paix. Parmi elles, celles de Jeff Louis, ancien joueur de la sélection nationale, et de Melchie Dumornay, icône du football féminin haïtien.
Dans une courte vidéo de 41 secondes, Jeff Louis laisse transparaître son désarroi. L’ancien milieu de terrain de Nancy et du Standard de Liège, originaire de Mirebalais, s’exprime avec une émotion brute : « Kote m ye a m pa alèz, m ap mal dòmi, mwen mande nou lapè ak rekonsilyasyon ( je ne suis pas bien là où je suis, je dors mal, je demande la paix et la réconciliation, en français )».
Installé en Haïti depuis la fin de sa carrière, Jeff Louis avait misé sur le développement local. Il y avait investi ces ressources dans sa ville natale. Aujourd’hui, contraint de fuir son domicile à cause des violences des gangs, il lance un appel pressant : « Ce que je fais, je le fais chez moi, pour les miens. Mais la situation actuelle dépasse les limites du tolérable. »
Interrogé sur Radio Métropole, l’ancien milieu de terrain de Nancy et du Standard de Liège, originaire de Mirebalais a montré son sentiment d’impuissance, mais aussi une volonté inébranlable de voir sa ville revivre. Il a demandé à « tous les acteurs de la crise d’avoir pitié pour les habitants ». « Ce n’est pas avec joie qu’on prend les armes et qu’on brise le cœur des Haïtiens. Ce n’est pas ça, aimer Haïti », a-t-il déclaré, la voix nouée par l’émotion.
Jeff Louis n’est pas seul à dénoncer. Le 7 avril dernier, Melchie Daëlle Dumornay, dite Corventina, aujourd’hui l’une des plus grandes figures du football féminin, a exprimé sa douleur dans une publication sur les réseaux sociaux. Née également à Mirebalais, elle écrit : « Autrefois, ma ville natale était un havre de vie. Aujourd’hui, des familles entières fuient les balles et la peur. »
La joueuse de l’Olympique lyonnais a jouté : « Mon cœur se brise chaque jour. J’appelle à la fin de cette violence qui nous tue lentement. J’espère que la solidarité remplacera la terreur. Que la raison et la compassion guérissent les cœurs. »
Alors que les gangs s’en prennent aux commerces et aux foyers sans aucune intervention de la Police nationale, les artistes et sportifs haïtiens, souvent silencieux, trouvent aujourd’hui la force de parler. Ils deviennent des messagers d’un peuple qui, malgré tout, garde foi en son avenir.
Pour Melchie Dumornay, « Haïti mérite de retrouver la lumière de son passé »
Aux dernières nouvelles, Radio Panik FM 97.5 est tombée sous le contrôle des bandits qui l’ont désormais rebaptisée Taliban FM. Depuis 48 heures, ils ont pris possession de la station et y diffusent les messages de leur chef, Jeff Gwo Lwa, ainsi que leurs propres morceaux de musique. Ces informations ont été confirmées par Marc Haendel Absolu, PDG de RTH Force Infos. Mirebalais est aujourd’hui une ville complètement abandonnée par la police, malgré les récents changements opérés dans le commandement du département du Centre.
Arnold Junior Pierre
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