PubGazetteHaiti202005

Élections, référendum constitutionnel, transition...: Joseph Lambert dit les quatre vérités au président Jovenel Moïse

Joseph Lambert et Jovenel Moïse au Palais National

Le président du tiers du Sénat a dit les quatre vérités à Jovenel Moïse lors de la rencontre avec lui le lundi 19 avril au palais national. Sans langue de bois, Joseph Lambert dit avoir expliqué au locataire du palais national qu'il ne va pas dans la bonne direction. Le sénateur Lambert, invité de panel Magik ce mardi, confie qu'une transition est « inévitable » et que le chef de l'État ne pourra pas organiser les élections comme le veut la communauté internationale. 


C'est une sortie qui peut faire trembler le palais national. Le président du tiers du Sénat n'y va pas par le dos de la cuillère en abordant la crise avec le président Jovenel Moïse lundi au palais national. Au menu de la discussion, la tenue du référendum, l'organisation des élections, la situation sécuritaire et la crise politique. 


« Transition inévitable »


Sur cette dernière, Joseph Lambert est certain qu'une transition est inévitable dans le pays. « Que le président parte le 7 février 2022 ou avant, il faut anticiper le vide à partir d'un accord politique afin de trouver une meilleure formule pour la transition dès aujourd'hui », invite l'élu du Sud'Est.

« Le président Jovenel Moïse s'entête et ne voit pas qu'il se fragilise davantage », a regretté le président du tiers du Sénat. « Au lieu qu'il ( Jovenel Moïse) se focalise sur les sujets qui fâchent, il faudrait mieux qu'il cherche un compromis capable de trouver la stabilité nécessaire », a prescrit M. Lambert pour qui, deux options sont offertes à l'Exécutif. « Soit le président Jovenel Moïse reste en mode adelante sur l'organisation du référendum du 27 juin sans le support des partenaires internationaux et ses alliés notoires du pouvoir. Soit, il rentre dans le compromis pour dégager un consensus minimal entre les forces politiques et organisées dans le pays ».


Pour lui, le locataire du palais national doit se rétracter. « Il doit montrer clairement ce qu'il veut faire, le niveau de concession qu'il est prêt à faire. Si j'étais à sa place, je tendrais les bras ouverts pour avoir une sortie douce, sans heurt, une transmission pacifique du pouvoir », a conseillé le parlementaire, surnommé « Animal politique ».


« J'ai comme l'impression que Jovenel Moïse est prisonnier du silence de la vérité », a lâché M. Lambert, estimant que des personnes dans l'entourage du président n'ont pas le courage de lui dire les vérités.

Impossibilité d’organiser des élections en Haïti cette année 

« A environ 8 mois de la fin de son mandat, Jovenel Moïse doit se poser des questions sur la situation sécuritaire catastrophique et les difficultés techniques et logistiques auxquelles fait face l'Office national d'Identification (ONI). Et notamment sur la méfiance caractérisée vis-à-vis de la bonne foi de Jovenel Moïse », selon Joseph Lambert. 


« J'ai dit au président qu'il peut toujours estimer qu'il va dans la bonne direction par rapport à la rivière Marion, la route Carrefour Jòf de Port-de-Paix, le projet de l'électricité, mais pas dans la manière de conduire le pays », a balancé Lambert en présence du président contesté par l’opposition et des groupes de la société civile. 

« Jovenel Moïse doit mettre un terme à la question de la réalisation des élections parce qu'il n'y arrivera pas. Le temps joue contre lui », a fait remarquer l' (ex)allié du pouvoir. Joseph Lambert pense qu'il faudra attendre la fin de l'année 2021 pour que l'ONI puisse enregistrer l'intégralité de la population en âge de voter. Selon lui, Il faut quatre mois pour monter la liste électorale.

« Le CEP n’a pas la qualité pour engager le peuple haïtien »

Sur le référendum de la Constitution, M. Lambert croit qu'il faudrait boucler le registre référendaire le 30 avril et transmettre les données biométriques au CEP qui doit de son côté prendre 3 ou 4 mois pour la préparation de la liste électorale. « Fermer le registre signifie pour l'élu du Sud'Est d'écarter 2,5 millions de citoyens dans un processus qui va régir leur vie », a indiqué M. Lambert touchant la plaie du doigt en parlant du CEP.  « Le CEP n'a pas la qualité d'engager le peuple haïtien du fait qu'il a été constitué sur une base partisane avec des conseillers électoraux qui vont avoir un statut de juges électoraux qui n'ont pas prêté serment », a-t-il souligné.


Joseph Lambert prédit par ailleurs que la communauté internationale va lâcher Jovenel Moïse en constatant son incapacité de rétablir l'ordre démocratique.


Le président du ⅓ du Sénat qui évoque ses préoccupations sur le plan sécuritaire à M. Moïse doute en effet que le locataire du palais national puisse résoudre le problème récurrent de la sécurité. 


Lors d’une visite du ministre de la justice RockFeller Vincent à l’ONI, le directeur de cette institution Jude Jacques Hélibert a donné la garantie que le nombre de cartes d’identification nécessaires pour réaliser le référendum sera livré avant le 22 juin, date prévue pour l’organisation de ce scrutin. 

 

 

 

Par Michel Césaire

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