September
18
/ 2020
Comme prévu, une messe de requiem a été dite, ce vendredi, en l’Eglise Saint-Pierre de Pétion-Ville en mémoire du bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, en présence des parents, amis et collègues du bâtonnier défunt, responsables politiques et organisations de la société civile et d’anciens parlementaires et de nombreux avocats notamment. Aucun officiel du gouvernement n’a été remarqué à la cérémonie.
Dans son homélie, le célébrant principal, Monseigneur Pierre-André Dumas, a présenté maitre Monferrier Dorval comme un homme juste et de droiture qui a consenti d’énormes sacrifices au bénéfice de la nation haïtienne. L’Evêque des Nippes a fait remarquer que l’assassinat du bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince est un précédent dans l’histoire du pays, car c’est pour la première foi qu’un crime d’une telle envergure a été perpétré contre un bâtonnier en fonction traduisant le fait que l’intolérance et le désordre qui ont atteint le plus haut point dans notre société. Un acte à ne pas tolérer, selon l’homme d’église.
Le prélat a mis en garde contre une parodie de justice dans le cadre de ce dossier. Il en a appelé, en ce sens, à la mobilisation pour exiger justice en faveur de Me Monferrier Dorval. M. Dumas exige que la mémoire de Me Dorval ne soit en rien profanée et que l’on puisse appliquer correctement toutes les procédures normales d’une justice équitable pour tous dans le cadre du dossier. Car, estime-t-il, s’il n’y a pas de justice pour le bâtonnier de l’ordre des avocats, il n’y en aura pour personne.
« Le dossier de Me Dorval doit servir d’exemple pour qu’il y ait enfin une justice correcte en Haïti », a insisté l’archevêque métropolitain de Port-au-Prince, Max Leroy Mésidor, mettant lui aussi en garde contre une parodie de jugement. L’archevêque Mésidor qui procédait à la bénédiction du bâton de la bâtonnière provisoire, Marie Suzy Legros, a prévenu également que tout procès bâclé sera considéré comme une défaite définitive du droit, l’assassinat pour la deuxième fois de l’ex-bâtonnier de la capitale par la corporation et devrait entrainer automatiquement la fermeture de toutes les facultés et écoles de droit en Haïti.
D’un autre coté, Monseigneur Dumas s’est montré attristé par le climat de terreur qui règne dans le pays actuellement, les malfaiteurs opérant en toute impunité particulièrement dans les quartiers populaires. Le prélat a exigé que l’on ferme le robinet de sang qui coule dans le pays plongeant dans le deuil la famille haïtienne. « Nous en avons assez… L’Eglise ne peut pas accepter que les assassinats, que les exordes internes, que les assassinats et la destruction du bien commun deviennent le quotidien de la population qui vit déjà sous le choc et dans l’indignation... »
Fedler Athis, neveu du bâtonnier, qui a pris la parole au nom de la famille du défunt a formulé le vœu que justice soit rendue au professeur Dorval et que la mémoire de son oncle ne soit pas déshonorée. Il souhaite que ses œuvres continuent à vivre et que ses idéaux poursuivent leur chemin en alimentant les débats au sein de la société.
Cette cérémonie a été l’occasion de remettre un nouveau bâton à la bâtonnière a.i de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Marie Suzy Legros, en remplacement de celui volé chez le bâtonnier Dorval à la suite de son assassinat. Une réplique du bâton destiné aux anciens bâtonniers a été remise à un membre de la famille de Me Dorval.
Peu après la cérémonie d’hommage à Me Monferrier Dorval, des avocats et des militants avaient décidé, comme prévu, de se rendre à Pèlerin 5, devant la résidence du défunt pour déposer une gerbe de fleurs sur la scène du crime. Mais, ils n’ont pas pu atteindre cet objectif à cause justement de l’important dispositif policier qui avait été établi dans la zone. Les policiers ont même fait usage de gaz de lacrymogène pour disperser les protestataires qui n’ont pas manqué de dénoncer un tel comportement.
Par Diego O. Charles
lezec15@gmail.com
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