PubGazetteHaiti202005

L'OEA attribue la crise actuelle en Haïti à l'échec de la communauté internationale

@OEA

Dans un communiqué du lundi 8 août 2022, l'Organisation des États Américains (OEA) impute la crise actuelle d'Haïti à la communauté internationale.

Le Secrétariat général de l'Organisation des États Américains a publié, le lundi 8 août 2022, un communiqué sur Haïti portant sur la démocratie et la sécurité dans le pays. Dans ce communiqué, l'organisation hémisphérique impute sans ambiguïté les responsabilités de la crise actuelle que vit Haïti à la communauté internationale qui « a échoué » dans le pays. 

« Les 20 dernières années de présence de la communauté internationale en Haïti constituent l’un des échecs les plus importants et manifestes de mesures mises en œuvre et d’actions réalisées dans le cadre de quelque action de coopération internationale que ce soit », admet l'OEA. 

Pour l'OEA, en 20 ans de stratégie politique erronée, « la communauté internationale n’a pas été capable de faciliter la construction d’une seule institution ayant la capacité de répondre aux problèmes des Haïtiens, 20 ans plus tard pas une seule institution n’est plus forte qu’elle ne l’était auparavant ». Au contraire, la communauté est complice de la désinstitutionnalisation du pays. 

« Sous le parapluie de la communauté internationale, les bandes criminelles qui assiègent aujourd’hui le pays et son peuple ont fermenté et germé, sous ce parapluie le processus de désinstitutionnalisation et de crise politique que nous connaissons aujourd’hui a germé et couvé », dénonce l'organisation alors qu'elle-même fait partie de cette communauté internationale. « Alors, étant donné qu’elle a échoué, la communauté internationale s’est retirée d’Haïti, laissant derrière elle chaos, destruction et violence », poursuit l'OEA. 

L'organisation régionale dit ne pas nier que la solution à cette situation revient aux Haïtiens, néanmoins, la communauté internationale a elle aussi un rôle à jouer, car elle estime qu'il est impossible que, sans ressources, dans un climat de violence, en l’absence de capacités technologiques ou d’accumulation financière, sans rien de tout cela, une solution haïtienne complètement endogène pourrait prospérer. Alors, elle estime que les ressources humaines, financières et matérielles pour ce faire doivent provenir en majeure partie de la communauté internationale.

« La société haïtienne est très vulnérable et très polarisée, ses institutions et ses organisations sont très faibles », constate plus loin l'OEA. La violence, un mauvais usage de la force interne, la logique criminelle dans les actions, des institutions en déroute et un manque de capacités de la société civile prévalent », poursuit-elle. Pour sortir de cette impasse, l'OEA croit qu'il n'y a qu'une seule issue: le dialogue. Mais pour avoir le dialogue, il faut d'abord la paix, la réconciliation et l'entente dans une société qui est complètement polarisée selon l'organisation. En ce sens, l'OEA avance qu'il y a une étape indispensable à franchir : établir la vérité sur l'assassinat du Président Jovenel Moïse et lui rendre justice.  

Une fois qu'un climat favorable est établi, l'Organisation des États Américains croit qu'il est impératif d'inclure : « un processus de dialogue institutionnalisé et inclusif de toutes les forces politiques qu’il serait possible d’y inclure au cours duquel la communauté internationale peut apporter les ressources et établir les ponts entre les parties afin de les renforcer et de les guider sur un chemin qui les mènera vers le renforcement des capacités organisationnelles et institutionnelles ; un processus électoral crédible, juste et transparent ; un processus institutionnel de sécurité pour le pays ».

À partir des travaux relatifs à ces trois processus, l'OEA pense qu'il faudra élaborer une Constitution qui résout les graves déficiences ainsi que les problèmes de la Constitution actuelle. À savoir, selon elle : une Banque centrale autonome, forte et responsable ; un système de justice indépendant fort et efficace; un système d’éducation doté de capacités d’apporter des solutions réelles aux besoins des enfants et de la jeunesse haïtienne ; un processus d’investissement graduel qui permette d’apporter du travail et des emplois aux Haïtiens et Haïtiennes. 

Ne pas tenir compte de ces réalités, selon l'OEA, c'est de s'errer totalement de la piste réelle de la résolution des problèmes. 

« Ne pas tenir compte de ces nécessités signifierait fausser complètement la réalité. Vouloir attendre, jusqu’à ce qu’Haïti accumule ses propres capacités sans aide internationale prendrait des années; le pays ne dispose pas actuellement et ne disposera pas dans un avenir rapproché des conditions nécessaires pour y arriver seul », pense l'organisation dirigée par M. Almagro.

D'un autre côté, le Secrétariat de l'OEA attribue aussi les responsabilités de la crise institutionnelle que vit Haïti aux Haïtiens. C'est pourquoi l'organisation croit que « la solution à la situation doit venir des Haïtiens, mais avec le support de la communauté internationale qui doit réparer le chaos dont elle a été actrice ».

 

Par: Michner Alfred

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