PubGazetteHaiti202005

États-Unis: le président de la Chambre des représentants destitué, une première historique

Kevin Mckarthy

Le président républicain de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy, a été destitué ce mardi 3 octobre, lors d'un vote historique au Congrès, victime de querelles fratricides au sein de son parti.  

C'est une première dans l'histoire du Congrès américain : le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été évincé mardi 3 octobre de son poste, victime de querelles fratricides au sein de son parti. Après un débat tendu entre conservateurs dans l'hémicycle, 216 élus ont voté pour le destituer, dont huit républicains, contre 210. Aussitôt après ce résultat sans précédent, Kevin McCarthy, malgré tout souriant, a été entouré par des membres de son parti, qui lui ont donné l'accolade et lui ont serré la main.


Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse, où un remplaçant doit être choisi, ce qui s'annonce très compliqué. Il est intervenu après qu'un élu de la droite dure américaine, Matt Gaetz, a déposé une motion pour destituer le « speaker », pourtant membre de son parti. Cet élu de Floride reproche principalement à Kevin McCarthy d'avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l'administration fédérale, auquel s'opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d'avoir conclu un « accord secret » avec le président Joe Biden sur une possible enveloppe pour l'Ukraine.


Or l'aile droite du parti républicain s'oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Et qu'importe que l'immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy l'ait publiquement soutenu : les trumpistes disposaient d'un veto de fait à la Chambre compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.


Pas de soutien démocrate  

Kevin McCarthy avait semblé un temps penser qu'il sauverait sa tête, espérant que les calculs politiques l'emporteraient et qu'il pourrait soutirer aux démocrates un appui, même très juste, en échange de concessions. 

« C'est au Parti républicain de mettre fin à la guerre civile des républicains à la Chambre », avait tranché le chef démocrate Hakeem Jeffries dans une lettre après une longue réunion mardi avec son groupe parlementaire. « Les raisons de laisser les républicains gérer leurs propres problèmes sont innombrables. Laissons-les se vautrer dans la fange de leur incompétence et de leur incapacité à gouverner », avait de son côté lancé, implacable, l'élue progressiste Pramila Jayapal.

Signe des désaccords qui déchirent les républicains, les élus conservateurs se sont succédé dans l'hémicycle pour plaider pour et contre Kevin McCarthy. « Nous sommes au bord du précipice. Il ne nous reste que quelques minutes pour revenir à la raison et nous rendre compte du grave danger », avait exhorté avant le vote l'élu républicain Tom McClintock. Si la motion de destitution passe, « la Chambre sera paralysée », « les démocrates se délecteront des dysfonctionnements républicains, et la population sera révulsée, à raison », avait-il lancé.

Son collègue Tom Cole avait lui mis en garde contre le « chaos » dans lequel la Chambre et les républicains seraient plongés si Kevin McCarthy était destitué. « Le chaos, c'est le président McCarthy », a répliqué Matt Gaetz. « Le chaos, c'est quelqu'un à qui on ne peut pas faire confiance ».

Un avenir incertain

Ces luttes intestines étalées au grand jour ont fait réagir l'ex-président républicain Donald Trump. « Pourquoi les républicains passent-ils leur temps à se disputer entre eux, pourquoi ne combattent-ils pas les démocrates de la gauche radicale qui détruisent notre pays ? », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

Un tel vote n'a pas eu lieu depuis plus d'un siècle aux États-Unis, et jamais aucun « speaker » n'avait été évincé de son poste. Kevin McCarthy, 58 ans, pourrait-il tenter de revenir à son poste ? L'hypothèse n'est pas farfelue, car il est en droit de se porter de nouveau candidat. À ses risques et périls : il avait déjà été élu au forceps en janvier, en raison de la très mince majorité républicaine.


Pour accéder au perchoir, il avait dû faire d'énormes concessions avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité que n'importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer. Une promesse qui est revenue le hanter ce mardi.

 

 

 

(Avec AFP)

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